Reconstruction nationale - Le FFKM se défend de toute intention politique


Le Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de Madagascar réfute les amalgames politiques à sa démarche de reconstruction nationale. Durant le culte de samedi, l’Église a prêché l’amour, la fraternité, la vérité et le respect mutuel. La vérité, la fraternité, l’amour et le respect mutuel. Ces valeurs ont été martelées durant le culte oecuménique donné par le Conseil œcumé­nique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), samedi, à l’EKAR Saint Michel, à Amparibe. Durant et à l’issue de l’office religieux, l’Église s’est employée à mettre une barrière entre sa démarche. “Si vous attendez autre chose, si vous êtes ici pour d’autres raisons, vous faites fausse route”, assène le pasteur Hery Rabarimanana, membre du bureau central du FFKM, dans son homélie. Des mots lancés devant une assistance majoritairement composée de personnalités politiques d’opposition quelque peu groggy. Le pasteur Rabarima­nana ajoute, “nous sommes ici pour prier ensemble pour les travaux du FFKM, pour un amour fraternel entre tous les Malgaches. (...) C’est la fraternité malagche, des Malgaches qui se respectent et solidaires que nous allons construire durant ce culte”. Durant un échange en marge du culte à Amparibe, le pasteur Hery Rabarima­nana qui a porté la voix du Conseil oecuménique a martelé qu’il n’y a aucune connotation politique derrière l’initiative déclenchée samedi. C’est la raison pour laquelle le terme “concertation nationale”, est proscrit indique-t-il. Une formule clamée à tout vent par l’opposition, dans l’optique de réviser les textes électoraux. Comme il se chuchotait, samedi, les opposants venus en nombre à Amparibe escomptaient à ce que le FFKM adhère à leur initiative, ou du moins se prononce en sa faveur. Prier pour les travaux futurs du FFKM est le motif de cet office religieux. Dans cette “to do list” de l’Église, il y a ce qu’elle désigne par “reconstruction nationale”. Le culte de samedi devait, justement, en être le coup d’envoi. Dans une déclaration faite en juillet, signée par monseigneur Samoela Jaona Ranarivelo, qui en assure la présidence tournante, le Conseil oecuménique a souligné qu’il est nécessaire de “redresser le pays”. La déclaration relève de multiples difficultés socio-économiques qui pèsent sur la société et paupérisent les ménages. L’Église, dans sa déclaration de juillet, a appelé à ce que les acteurs politiques et civils transcendent les disputes stériles et capitalisent les débats pour trouver des “solutions concertées”, pour répondre à la conjoncture difficile. Le terme “concertation élargie”, avait alors été utilisé, notamment, dans les discussions en coulisse. Le mot “concertation”, qui amène l’opposition à tout de suite ramener le sujet à son souhait de tenir “une concertation nationale pour réviser les lois électorales”. Démarche en coulisse Bien qu’ils aient déchanté à la sortie du culte de samedi, la forte délégation d’opposition s’est toutefois affichée optimiste quant à un éventuel soutien de l’Église à leur initiative. Face à la presse à l’issue du culte de samedi, le député Mamy Rabenirina, élu du parti “Tiako i Madaga­sikara”, n’a pas hésité à faire le rapprochement entre la démarche du FFKM et celle de l’opposition. Il lance, “nous avons fait une demande officielle au FFKM pour qu’il conduise la concertation nationale. Je suppose que nos idées se rejoignent et c’est pour cela que l’Église commence à parler de concertation”. Cette appréhension d’une éventuelle conclusion politique à la démarche du FFKM, justement, a conduit à une levée de bouclier des tenants du pouvoir. Sur l’émission “Tsy ho tompontrano mihono”, diffusée sur la radio Madagasikara (RNM), vendredi, Lalatiana Rakotondrazafy Andriaton­garivo, ministre de la Com­munication et de la culture, et aussi, porte-parole du gouvernement, a déclaré, “avec tout le respect que je dois au FFKM, notamment, aux chefs d’églises, j’estime qu’il n’appar­tient pas à l’Église de jouer un rôle purement politique. Pour la porte-parole du gouvernement, “(...) Le FFKM devrait s’en tenir à son statut et son rôle de balise morale”. Si l’opposition est venue massivement à Amparibe, samedi, les tenants du pouvoir ont été les grands absents. Certes, le Conseil oecuménique n’a pas émis d’invitation, mais cette absence pourrait être une manière d’affirmer le désaccord étatique suite à ces appréhensions. Le pasteur Rabarimanana martèle toutefois qu’il n’y a aucune velléité politique derrière les intentions de l’Église et qu’une concertation, surtout politique, n’est pas dans les plans. “Il est du rôle du FFKM de prier pour la nation, puisqu’il fait partie de cette nation”, indique-t-il, néanmoins. Selon les indiscrétions, l’Église pourrait opter pour des démarches en coulisse, dans un premier temps, dans son objectif de reconstruction nationale. Il appartient aux chefs d'église, cependant, de décider de la méthodologie finale à appliquer. En attendant, le FFKM a appelé de vive voix à une prise de responsabilité des acteurs politiques, samedi. “Le souhait du FFKM est que la politique de l’Eglise règne dans le pays, à savoir la vérité et la fraternité”, a été souligné dans l’homélie prononcé à l’EKAR Amparibe, en ajoutant que “là est l’importance d’appliquer, de vivre les 4F, à savoir la reconnaissance des torts, repentance, vérité et réconciliation”.
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