Revisiter le tourisme


Elle est encore loin la reprise effective des activités liées au tourisme. Malgré l’annonce faite par une poignée de pays européens de rouvrir leurs aéroports à un nombre limité de trafics aériens. Et la disposition de la Banque mondiale à venir en aide à hauteur de 5 millions de dollars, en accord avec le gouvernement, au secteur parmi les plus sinistrés, apparaît comme un bol d’air frais pour éviter la détresse respiratoire chronique. Mais cette générosité financière du principal bailleur de fonds du pays face à cette pandémie dont la progression a gagné en intensité ces derniers jours, est salutaire, mais ne couvrirait pas tous les besoins. En attendant que l’horizon bouché par tan t d’incertitudes et de variables aléatoires se dégage pour avoir un peu de visibilité, il est peut-être utile de soulever les handicaps du tourisme malgache face à la concurrence régionale, très performante avant la crise sanitaire. Cela, à part le montant souvent rédhibitoire des billets d’avion, l’insécurité persistante dans des sites uniques en leurs genres ou encore le manque de professionnalisme du personnel travaillant pour le tourisme. Hôtellerie, restauration, locations de voitures… Par exemple, ces détails minimisés mais pouvant laisser des séquelles indélébiles sur l’image déjà peu reluisante du pays à l’extérieur. À titre d’illustration, des coureurs néerlandais ont participé à une édition du Tour cycliste de Madagascar, bénéficiant d’une couverture médiatique à l’échelle internationale. C’était déjà une performance inouïe de faire venir ces bataves chez nous, presque une rareté, mais ils n’ont pas gardé un bon souvenir de leur passage dans la Grande île. Dans une étape dans le Sud du pays, par inadaptation au menu local ou par laxisme du service traiteur, ces hollandais ont été atteints par une virulente diarrhée. Leur entraîneur, ne voulant pas s’en prendre aux organisateurs, animé par l’esprit du fair-play, a indiqué qu’ils allaient beaucoup réfléchir avant de remettre les pieds sur les pédales ici. Depuis, ils ont abandonné le peloton du TCM. Et on peut craindre qu’ils aient été devenus de très mauvais ambassadeurs de Madagascar chez eux. Ils pourraient ne retenir que le côté négatif de leur périlleux périple. Et que dire aussi de ces gros bras, vêtus de haillons qui partent en lambeau, couvers de sueurs, transportant dans une brouette tout aussi crasseuse, de la viande de porc entier. Ils interpellent la curiosité des visiteurs étrangers, attablés autour d’une tasse de café, sur la terrasse du restaurant d’un hôtel étoilé. Comment ces habitués à la traçabilité des produits qu’ils mangent vont-ils apprécier les succulents plats proposés par nos « flops chefs », après de telles découvertes des plus dégoutantes ? Bien avant les actions promotionnelles de la destination Madagascar, un assainissement implacable contre la saleté et l’insalubrité ambiantes, paraît être une priorité primordiale.
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