Pro…fonds routiers


Le chantier est immense. Il n’y a pas que les routes nationales qui sont complètement à refaire. Les routes d’intérêt provincial qui relient les districts reculés aux routes nationales sont également dans un état désastreux. Les réseaux sociaux sont bondés d’images d’engins ou de camions englués dans des patinoires que sont devenues les routes communales. Il y a du travail à faire pour remettre tout le réseau routier. Autant il était facile de suspendre toutes les activités liées au Fonds routiers, successeur du Fonds d’entretien routier en 2020, autant il est compliqué voire impossible de réparer les dégâts causés par cette décision dans les meilleurs délais. Le pire est que le mauvais état de la route s’aggrave au fil des jours. Les trous béants sur la chaussée s’agrandissent chaque fois qu’une voiture y passe et chaque fois qu’il pleut. Même dans la capitale, il n’y a jamais de travaux d’urgence dans les points névralgiques. Le ministère des Travaux publics a annoncé la prise en main de la réparation de toutes les chaussées mais pour le moment les travaux traînent les pieds. Le pays s’isole ainsi de plus en plus faute de voies de communication adéquates. Les dommages sont justes collatéraux. D’un côté les simples consommateurs qui subissent les surcoûts des produits à cause du mauvais état des voies de communication. Ce qui explique la flambée soudaine des prix des légumes lesquels atteignent un niveau jamais vu en 63 ans. Il ne faut pas en vouloir à l’État qui n’a rien à voir avec la régulation des prix depuis qu’on a choisi en 1996 la libéralisation, la privatisation et surtout le désengagement de l’État dans le fonctionnement du marché et dans les subventions pour stabiliser les prix. C’est un choix qu’on a dû faire sous la pression des bailleurs de fonds pour pouvoir bénéficier de leurs subsides. Un fait que la mémoire collective semble avoir oublié. Le gel des prix des carburants, le plafonnement des prix par l’État du fait de l’effritement du pouvoir d’achat sont des pratiques contraires au mécanisme du marché libéral et que les bailleurs de fonds interdisent formellement. Les prix iront crescendo aussi longtemps que les routes sont impraticables. Le calvaire risque ainsi de durer une éternité. Mais il n’y a pas que les produits de consommation qui souffrent du mauvais état des routes. La présidentielle de novembre en pleine période de pluie est aussi compromise. L’acheminement des bulletins de vote, des procès verbaux autocopiants, du matériel de vote risque d’être compliqué pour Anosibe Anala, Ikongo, Iakora…Il en est de même de l’acheminement des résultats des votes. Le dépouillement risque de prendre un temps fou. En outre la campagne électorale est également incertaine pour beaucoup de régions devenues pratiquement inaccessibles en voitures. Il faudra user de matériel volant pour couvrir tout le pays avec le coût que cela exige. Certains candidats trouveront à ce propos une justification à un budget de campagne illimité. À quelque chose malheur est bon, grâce à cette situation de précarité, les électeurs pourront distinguer les candidats patriotes que rien ne repousse des prétendants farfelus qui trouveront un bon prétexte pour soulever l’inefficacité du pouvoir. L’urne sera seul juge de paix.
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