COURS DES CHANGES - Une dépréciation plus importante en vue


À l’approche de la fête nationale, où les importations vont augmenter, les économistes redoutent une dépréciation inévitable de la monnaie nationale. L’euro continue discrètement sa montée. Hier, il a grimpé à 4797,56 ariary contre 4554,39 ariary il y a un mois. Le dollar, quant à lui, est passé de 4298,26 à 4392,21 ariary pendant la même période. « Néanmoins, c’est une situation stable conjuguée au contexte international » estime l’économiste Nary Rabe. Face à la conjoncture internationale, le dollar a perdu de ses valeurs, dû notamment à la crise bancaire aux Etats Unis tirée par l’impasse de la Silicon Valley Bank et importée en Europe. Le seuil de la pauvreté mesuré à cette unité monétaire est passé de 2 à 2,15 dollars. En effet, suite à l’inflation causée par la crise en Ukraine, le taux de bancarisation dans les grandes économies a diminué et les banques font face à des retraits « hémorragiques» d’argent, outre les défauts de paiement. Pour motiver les ménages et les entreprises, les banques ont dû augmenter les taux d’épargne mais cela n’a pas suffi à juguler la situation. À quelque chose cette crise est bonne. Notre monnaie locale reprend du souffle, mais elle n’aura pas l’endurance. La demande en produits importés va augmenter durant les mois de mai et juin. En conséquence, les prix des autres produits importés vont augmenter indubitablement de suite. Ceux des produits locaux vont très rapidement suivre cette tendance. « Les producteurs de biens et services locaux vont répercuter la hausse subie au niveau des prix des produits importés qu’ils consomment à celui de leurs produits et services. Chacun va l’appliquer à son niveau, ce qui va induire une hausse générale des prix et une baisse du pouvoir d’achat » avertit Jean Pierre Ravelonjanahary, économiste. « Les exportations de vanille pourraient stabiliser notre monnaie nationale vis-à-vis des devises étrangères, mais à condition que les opérateurs rapatrient les devises avant ou pendant la période de hausse des importations, » continue l’économiste. Selon la loi, les devises doivent être rapatriées trois mois après la date d’embarquement des produits à exporter. Habituellement, les exportateurs attendent la fin de cette période définie par la loi pour déclarer au niveau de la Banky foiben’i Madagasikara (BFM) leurs recettes d’exportation. Ce qui ne coïncide pas avec la période critique. Intervention apathique Dans les étals, le kilo de viande s’achète à 20000 ariary et l’oignon à 6000 ariary le kilo. Certains coûts de services comme les loyers explosent, alors que le salaire moyen ne dépasse pas les 600.000 ariary. Les interventions de la BFM sont « quasi apathiques», selon l’économiste. Elle évite un corridor du taux d’intérêt très bas pour ne pas aboutir à la trappe à la liquidité, période où la monnaie en circulation est abondante, sans entraîner davantage d’investissements. Une récente étude a démontré une faible corrélation entre la masse monétaire et l’inflation, soit de 0,13, ce qui veut dire que la politique monétaire appliquée par la BFM n’aide pas à contenir la hausse des prix. Tandis que la corrélation entre le taux de change et l’inflation est quant à elle de 0,94, ce qui explique la dynamique de la hausse des prix en cas de dépréciation.  
Plus récente Plus ancienne