Les désappointements du gouverneur Ramanetaka


Vaincus par la résistance opiniâtre des Merina qui, en outre, brûlent le village de Mahajanga, certains Sakalava fuient à Ambondro, où ils répandent la terreur. Andriantsoly qui n’a plus à ses côtés que Tsimba et deux femmes- le 11 mars 1825, il n’y a plus d’armée sakalava- profite de la nuit pour se réfugier sur l’îlot Makamby dans la baie de Boeny. Mais peu rassuré, il va plus loin et se retire à l’embouchure de la Mahajamba où il est rejoint, début avril, par quelques Antalaotra. De là, il appelle à son aide les populations voisines et envoie l’ordre aux chefs du Sambirano d’aller attaquer le poste que Radama entretient à Ampasindava depuis 1823. Mais ce poste, commandé par Rafaralahy Marozoky, est défendu par des retranchements derrière lesquels la garnison est à l’abri des balles et des sagaies des Sakalava, rendant vains les efforts de ces derniers de s’en emparer. Informé de l’échec de cette première attaque, Andriantsoly dépêche un renfort de soixante-dix Antalaotra conduits par Abdallah Faki et appuyés par deux petites pièces d’artillerie. « Ces canons mis en batterie sur des hauteurs qui dominaient les retranchements, écrasèrent la garnison qui fut promptement massacré » (Jean Valette, archiviste-paléographe). Parallèlement, après la défaite de Mahajanga, un grand nombre de chefs sakalava et la famille royale se refugient à Marovoay pour y tenir un Kabary. Le but est de décider de ce qu’il y a de plus sage à faire. Un cousin d’Andriantsoly, Tafikandro propose de se retirer sur la frontière de l’Ambongo, pays boisé et marécageux, « où l’on serait à l’abri des attaques des Merina et assez près d’eux pour lancer de fréquentes attaques ». D’autres, las de la guerre, suggèrent de remplacer Andriantsoly par sa tante Taratra et de faire la paix avec Radama. Tafikandro ne réussit pas à convaincre l’assemblée et préfère partir avec quelques centaines de ses partisans vers le Sud. Bien lui en prend, car ceux qui sont restés à Marovoay sont arrêtés par les Merina. Il s’agit de Taratra et de ses deux filles, de Oantatsy, sœur d’Andriantsoly, du prince Fitahangha, des grands chefs Raivaka, Tsimanompo, Kang’ha, Gorah et Tsimipoka et autres. Seul Mari ben Roussi est laissé libre, sans doute dans l’espoir de faire revenir à Mahajanga, grâce à son influence, une partie de ses compatriotes Antalaotra. Toutefois, il réussit à faire s’évader la princesse Oantatsy et aidé du chef Fanohangha, gagne les bords de la Mahajamba suivi de bandes nombreuses de Sakalava qu’il a ralliées en chemin. Il n’y trouve pas Andriantsoly parti vers le Nord. Effectivement, à la nouvelle de l’insurrection d’Anfihaonana, Radama dépêche un corps d’armée de deux mille hommes sous les ordres de Rainimaka pour aider Ramanetaka. Ainsi renforcé, celui-ci réoccupe Marovoay, augmente les moyens de défense de Mahajanga où il laisse une forte garnison, se lance à la poursuite du roi en fuite, traverse la Sofia et se dirige vers le village de Langany, sur la rive droite de la baie de la Mahajamba. À la nouvelle de l’arrivée des Merina, les Sakalava dirigés par Andriantsoly prennent la fuite au grand dam de Ramanetaka qui les voit s’enfuir. « Pour se venger, il fit incendier le village et retourna à Mahajanga. » Après s’être arrêtés à l’embouchure de la Loza, les émigrants se dirigent sur Anorotsangana où ils arrivent autour du 25 juillet 1825 et s’y installent, les Antalaotra sur les bords de la mer, Andriantsoly sur l’actuel emplacement du Rova. Puis les Sakalava sont astreints à venir à Anorotsangana avec leurs familles et Andriantsoly retrouve ainsi quelques milliers de fidèles. Il ne jouit pas longtemps du calme de sa retraite, car Ramanetaka insiste auprès de Radama de la nécessité de le poursuivre. Le roi envoie mille hommes pour attaquer Anorotsangana. Andriantsoly lance à sa rencontre sept cents à huit cents hommes qui mettent en déroute l’armée de Rainimaka, en majorité des Betanimena moins exercés que les Merina. Une autre expédition pousse Andriantsoly et les siens à émigrer vers Mayotte, sous les yeux de Ramanetaka, désappointé, qui brûle le village pour se venger.
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