Route Nationale 4


Comme il est bon de vivre Maevata­nàna sous la pluie. On était habitué à passer par là sous la chaleur caniculaire de treize heures. Les grosses gouttes d’eau viennent frapper le toit en feuilles de palmier du restaurant « Chouchou ». Le tilapia nahandro gasy fume encore sur le plat accompagné par cette douce mélodie du clapotis des flaques d’eau de dehors. Comme la vie est simple, comme la vie est belle. Tout au long de route nationale, tout est vert. Le réveil de la nature est à son apogée. Les majestueux troupeaux de zébus font la loi sur la nationale 4. Les pâturages étant verts, l’on découvre de très belles bêtes bien en chair. Et puis, ces nouveaux-nés nous rappellent la force du cycle de la vie qui se renouvelle. En avant-garde de ces longues files de zébus, les troupeaux de chèvres en centaines. Je ne me rappelle pas avoir vu autant de cabris, que l’on retrouve habituellement sur la nationale 7, sur cet axe. À part la végétation verdoyante on était aussi surpris par l’état de la route. On dirait que tous les trous possibles et imaginables s’y sont donnés rendez-vous. Et pas n’importe quel trou mais ceux d’un niveau sénior qui prennent de la place et qui peuvent aussi coûter très cher aux automobilistes si l’on n’y prend pas garde. Les qualifier de nid de poule serait injurieux car ceux sont de vrais nids de bébés dinosaures. De vraies montagnes russes ou plutôt des traces des déflagration des obus russes. À bien y réfléchir, c’est peut-être l’endroit le plus approprié pour mettre à fond les tubes du chanteur Wawa. Au moins, on aurait la vague impression d’être dans le rythme. Même les plus prudes savent malgré eux comment faire bouger le popotin sur le morceau 4 000 volts. Mais on oublie vite des douleurs aux postérieurs quand on voit au loin, dans le noir, les lumières de la belle. Emporté par les bons souvenirs d’enfance, on se remémore tous ceux qui ne sont plus là et qui ont passé avec nous des moments inoubliables durant les vacances d’antan. L’espoir de revoir leurs esprits, d’entendre leurs rires du côté du grand Baobab. Et ces Milkshake que l’on se partageait à cinq entre cousins. On n’était pas assez riche pour en avoir un chacun mais finalement, c’était mieux ainsi. On faisait les gros yeux pour surveiller si celui qui buvait avant nous n’allait pas dépasser la limite du doigt. Majunga, le cœur et l’âme de beaucoup s’y promènent. Des histoires d’un soir aux grands amours de la vie. Des amis d’un jour, des amis des jours de vacances aux amis pour la vie. Des souvenirs d’enfance, des soupirs d’adultes aux larmes des papis et des mamies. Se mêlent aux sourires, les larmes. À mon grand-père maternel qui aimait particulièrement cette ville.
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