Les vaccins de Trump


«Warp Speed»: à la vitesse de la lumière. C’était le nom choisi par Donald Trump pour accélérer le développement de vaccins contre la Covid-19 avant la fin 2020. Tout le monde avait mis son annonce du 15 mai sur le compte d’une extravagance supplémentaire. Sauf que l’opération «Warp Speed» a été dotée d’une formidable manne financière: 11 milliards de dollars alloués à Johnson & Johnson (1,456 millions), AstraZeneca/Oxford (1,2 milliard), Novavax (1,6 milliard), Moderna (2,5 milliards), Pfizer/BioNTech (2 milliards)... Le 18 novembre 2020, le vaccin du duo américano-germanique Pfizer/BioNTech est annoncé aux États-Unis avant d’être autorisé en Europe le 21 décembre. En cette fin d’année 2020, Donald Trump avait réussi son pari et l’on parlait de «miracle» et de «mission quasi-accomplie». Il faut compter un milliard d'euros pour l'élaboration d'un vaccin, de son développement clinique à la construction d'une usine: à financer le développement du vaccin, dans la phase des études cliniques, et à payer en avance les doses de vaccin. Via l'opération « Warp speed » de Donald Trump, les États-Unis ont massivement financé les deux volets : recherche & développement ainsi qu’achat de doses. Cet investissement extraordinaire aura boosté comme jamais auparavant la recherche. «Une entreprise scientifique, industrielle et logistique massive, jamais vue depuis le Manhattan Project» (qui a donné la bombe nucléaire), avait claironné Donald Trump avec sa grandiloquence coutumière. Cette prouesse sera pourtant discréditée par les adversaires de Donald Trump qui lui ont reproché de négliger des mesures immédiates de santé publique plutôt que de miser sur des recherches pharmaceutiques, aux résultats alors jugés lointains et incertains. Pour ses premiers 100 jours à la Maison-Blanche, Joe Biden vient de revendiquer un taux massif de vaccinations: 2,2 millions de doses par jour. Le seuil symbolique des 100 millions de vaccinations en 100 jours aura été atteint en moitié moins de temps que prévu. À mettre en regard du retard pris par l’administration Trump en ce domaine. Sauf que, pour disposer maintenant de ces doses en grandes quantités, il ne faut pas oublier le rôle décisif des 11 milliards de dollars accordés par cette même précédente administration tellement vilipendée. Au-delà des personnalités et des rivalités politiques, cette anecdote est finalement classique d’une rupture dans la continuité. Là-bas, c’est pour une histoire de vaccins. Ici, c’est pour l’inauguration de bypass et rocades. Les études, recommandations et validations, peuvent remonter à vingt-cinq ans, leurs initiateurs demeureront ignorés. Toute la gloire reviendra au dernier en exercice, au moment de tenir les ciseaux et de couper le ruban.
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