Le climat des affaires se gâte - Des relations orageuses avec les bailleurs de fonds


Tout d’un coup, à cause des difficultés financières insolvables de la Jirama, les relations de Madagascar avec les bailleurs de fonds risquent de se dégrader. Prévisible. La réaction de la Banque mondiale sur la suspension ou la révision du système de tarification Optima avancée par la direction générale de la Jirama a été tout sauf une surprise. Cette fois-ci, cette institution menace d’annuler des aides budgétaires de 75 millions de dollars et un soutien d’urgence en guise de riposte au coronavirus de 400 millions de dollars. Ces deux financements de la Banque mondiale ont été conditionnés par une opération sauvetage au pas à pas de la Jirama. Pour qu’elle atteigne le point d’équilibre ou le seuil de rentabilité d’ici 2023. Comme la Banque mondiale ne veut plus entendre parler de subvention pour renflouer la caisse d’une société d’État, ces hausses déguisées des factures occultées par des baisses au compte-gouttes, accordées aux abonnés les plus vulnérables. La Banque mondiale attendait ainsi des explications pointues sur les impacts comptables de l’éventuel abandon du système Optima au lieu des simples corrections dans les calculs arithmétiques des factures. Il est donc clair que le cas de la Jirama a été parmi les préoccupations des bailleurs de fonds. Alors qu’il fut un moment où la Banque mondiale a nié l’existence d’une « Feuille de route » pour la Jirama afin qu’elle retrouve la lumière après des années passées dans les ténèbres de la faillite financière. De son côté, une semaine après l’Accord de principe pour l’obtention de la Facilité élargie de crédit de 320 millions de dollars, Marc Gérard, représentant résident du Fonds monétaire international, FMI, a donné la primeur de ses impressions à l’hebdomadaire Jeune Afrique dans une interview. Alors que de nombreux journalistes locaux lui ont sollicité, à maintes reprises, ce même exercice de style. Dépenses d’urgence Il y a révélé l’importance des aides financières internationales pour faire face à la crise sanitaire. « Les institutions financières internationales ont débloqué en 2020 des aides financières d’urgence correspondant à 4,5 % du PIB du pays, soit près de 620 millions de dollars [environ 504,7 millions d’euros], dont plus de la moitié de la part du FMI, pour compenser la baisse drastique des recettes publiques et assurer le bon fonctionnement des services de l’État. Déboursée sans conditionnalités [la conditionnalité dans l’aide internationale est l’ensemble des conditions exigées par les grandes organisations économiques internationales en échange de prêts aux pays en développement], cette assistance financière devait être utilisée pour les dépenses d’urgence en matière de santé publique et pour la relance budgétaire, notamment en soutenant le secteur privé et en préservant les secteurs sociaux – éducation et santé » a-t-il souligné. Concernant ce que le FMI attend du PEM, il n’a fait qu’effleurer la question posée par une réponse des plus laconiques « Une réelle priorisation et une analyse coûts bénéfices des projets, en fonction de leur impact sur la croissance et le développement du pays, notamment autour des infrastructures de base ainsi que dans la santé et de l’éducation, afin d’apporter une différence perceptible sur le terrain. » Dans le communiqué du FMI daté du 12 février signé par Charalambos Tsangarides, le PEM au contenu toujours mystérieux, n’apparaît qu’une seule fois. Ce qui laisse entendre, soit une sous-estimation de ce document, soit une méconnaissance sur ses traits essentiels. Marc Gérard conclut quand même sur une note d’optimisme quand il lui a été demandé si « Madagascar dispose des moyens financiers nécessaires pour faire face à la situation tout en assurant son développement à plus long terme». Il a répondu en ces termes. « Il n’y a pas de contradiction entre les deux objectifs. Améliorer les conditions d’existence de la population en préservant le pouvoir d’achat et en augmentant les budgets sociaux, et faire de l’investissement public, permettront la mise en place d’un marché domestique capable de soutenir l’activité du secteur privé local, et à terme de renforcer le potentiel de croissance de l’économie ». En tout cas, la grogne sociale montée en épingle par des opposants opportunistes et de mauvaise foi, peut gêner aux entournures les dirigeants pour se mettre au diamètre exact de l’orthodoxie financière internationale. C’est la rançon des bonnes relations avec le FMI et la Banque mondiale. Comme tout créancier, ils ne vont pas jeter leur argent par la fenêtre. Au moins, leurs oboles servent l’intérêt de la majorité de la population. Le Conseil d’administration du FMI sera attentif à l’évolution de la situation sur le terrain avant de donner son feu vert sur la FEC. Suspense garanti.
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