Conjoncture défavorable - L’État mène un combat sur tous les fronts


La conduite des affaires étatiques traverse une zone de forte turbulence. Entre aléas climatiques, insécurité, danger épidémiologique et autres faits d’actualité, l’État est sur tous les fronts pour éteindre les débuts d’incendie. Au four et au moulin. Après une première année relativement paisible, l’administration Rajoelina démarre le second round de son quinquennat dans un contexte défavorable. Avec les intempéries qui dévastent plusieurs districts, la sécheresse qui sévit dans la partie Sud du pays, ou encore, le risque épidémiologique qu’implique le Coronavirus, les responsables étatiques ont du pain sur la planche. L’ensemble du pouvoir Exécutif, à commencer par le président de la République et le Premier ministre, est obligé de mouiller le maillot en sillonnant le pays pour affirmer la présence étatique aux côtés des sinistrés. Pour affirmer que l’État répond présent face aux urgences du moment. Pour marteler aux respon­sables déconcentrés de l’administration publique qu’ils doivent rapidement trancher avec les mauvaises pratiques et suivre la ligne de conduite et la cadence imposée par l’État central dans les actions de développement. La période de turbulence ne semble, pourtant, pas prêt de s’apaiser. La psychose d’une « invasion » probable du coronavirus s’estompe à peine, que voilà la peste qui refait surface dans l’actualité. Des faits récents mettent, par ailleurs, à l’épreuve l’autorité de l’État depuis quelques semaines. Les cas d’insécurité en zone urbaine connaissent un relent inquiétant. À cela s’ajoute le regain de ferveur des tentatives de vindicte populaire. Le cas le plus récent est l’émeute à Ambilobe, dans la soirée de dimanche. Une foule en furie à la recherche d’un présumé assassin d’une femme enceinte ont pris à partie des policiers, saccagé un commissariat de police et incendié trois véhicules. À l’instar du cas d’Ambilobe la nécessité d’éviter qu’une situation ne s’embrase amène les décideurs étatiques à prendre des décisions qui tranchent avec la rigueur d’un État de droit. Ménager la chèvre et le chou À Ambilobe, pour apaiser la foule, les deux membres du gouvernement venus pour régler la situation ont dû céder à son exigence de libérer des vandales qui ont mis à sac le commissariat de police et agressé des policiers. Selon un rapport de la délégation gouvernementale, les habitants d’Ambilobe auraient affirmé « n’avoir plus confiance en l’État », et « réclamait une vindicte populaire ». Pour affirmer la bonne foi de l’État, les deux membres du gouvernement sont allés jusqu’à publier une vidéo dans laquelle ils posent devant le présumé meurtrier d’Ambilobe, en cours de transfert à la maison de force de Tsiafahy. Présenté comme un multirécidiviste, l’homme a été présenté à visage découvert, sans tenir compte du sacrosaint principe de la présomption d’innocence. En face, des faits d’actualités récents ébranlent un peu plus la crédibilité de la Justice. Dans l’affaire de la mise en liberté provisoire surprise du député Ludovic Rave­loson, par exemple, les décideurs étatiques semblent avoir voulu réagir rapidement pour corriger le tir. La promptitude voulue semble, pourtant, être devenue précipitation. La suspension du procureur général de la Cour d’appel de Toliara et de son substitut a été annoncée par le porte-parole du gouvernement, alors que la décision qui relève de la préro­gative du ministre de la Justice, n’a pas encore été actée, selon des sources concordantes. Pour apaiser les humeurs, ou afficher une certaine harmonie d’action dans la traversée de cette période de turbulence, les responsables étatiques semblent dans l’obli­gation de ménager la chèvre et le chou, quitte à déroger à certaines règles et ligne de conduite affirmée. Une situation qui semble s’imposer à la gestion de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA). Un relâchement des mesures d’assainissement est constaté dans la capitale. L’atténuation de l’intransigeance nécessaire à l’assainissement de la capitale semble s’imposer afin que les contestations ne créent un foyer de tension sociale dans la capitale. Outre les urgences du moment, pourtant, il y a les engagements présidentiels à concrétiser. Après un peu plus d’un an de mandat, l’opi­nion publique commence, en effet, à demander des comptes et certains s’impatientent.
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