Énergie - Le dossier Jirama menace l’accord avec le FMI


Le FMI évaluera en mars la mise en œuvre des engagements du gouvernement dans la restructuration de la Jirama. La récente demande de subvention de la société de distribution d’eau et d’électricité compliquerait les choses. Le gouvernement aura intérêt à accélérer les réformes au niveau de la Jirama, au risque de compromettre l’accord conclu avec le Fonds monétaire international (FMI). Dans sa lettre d’intention d’engagement dans le cadre du programme de Facilité élargie de crédit (FEC), les autorités malgaches entendent restructurer la compagnie d’électricité et d’eau (Jirama) pour en faire une entreprise efficiente et en bonne santé financière. Mais à l’allure où vont les choses, la situation semble difficile pour les deux parties. La demande de subvention de 750 milliards d’ariary officiellement annoncée par le gouvernement à l’issue de son conseil mardi n’arrangera pas les choses. En demandant le triple des subventions qui étaient prévues dans la loi de Finances, la Jirama ne montre aucune volonté d’aller de l’avant dans les réformes. Alors que de son côté, le gouvernement entend limiter les besoins de transferts de l’État dans la caisse de cette entreprise publique. Une baisse progressive de 50 milliards ariary par an des subventions financières allouées à la Jirama est prévue dans son plan de redressement. Insatiable La compagnie continue pourtant de réclamer  plus de subvention. Elle met en avant les problèmes climatiques pour expliquer ses prévisions, mais des questions pourraient se poser sur la trop forte hausse de la consommation. En 2014, par exemple, la consommation de carburant pour ses principaux sites fonctionnant en gasoil est de 92 822 293 litres, tandis que celui-ci était de 128 075 985 litres pour l’année 2015. Pour l’année 2016, de janvier à novembre, cette consommation est évaluée à 138 446 327 litres. À part la limitation du transfert de fonds vers la Jirama, d’autres points figurent dans les engagements de restructuration de cette compagnie d’eau et d’électricité mais n’ont pas toujours été mis en œuvre. Le gouvernement s’est engagé au recrutement du rang de directeurs et au-dessus, selon un processus de recrutement concurrentiel. Mais le processus tarde à se mettre en place. « Le Conseil d’administration vient de terminer la rédaction des termes de référence, le cabinet de recrutement est connu, les postes à pourvoir sont définis et les appels à candidature devraient être lancés dans les prochains jours », s’est contenté de dire le ministre par intérim chargé de l’énergie, le général Herilanto Raveloharison, à l’issue d’une réunion avec le vice-président de la Banque mondiale, Makhtar Diop, mercredi à Iavoloha, sans préciser de calendrier de mise en œuvre précis. L’autre point saillant des promesses du gouvernement est d’éliminer des pertes importantes en criminalisant les vols d’eau et d’électricité. Certes, les autorités ont adopté un décret dans ce sens en octobre 2016 mais sa mise en œuvre s’annonce difficile. La continuité ou pas de l’accord avec le FMI dépendra de sa mission d’évaluation semestrielle. Une mission préliminaire à la mission d’évaluation du programme FEC en mars est attendue déjà la semaine prochaine. Celle-ci devrait notamment se pencher sur l’avancée des réformes mises en œuvre, dont celle de la Jirama. Si dans d’autres domaines, des progrès sont palpables, la situation de la Jirama risque fortement de compromettre la suite de l’accord avec le FMI. Les décaissements des fonds, dans le cadre du programme FEC, sont conditionnés par l’atteinte des critères de réalisation quantitatifs et des repères structurels ainsi que l’aval du conseil d’administration du Fonds. Mais une éventuelle rupture de l’accord avec ce bailleur risque de faire effet dominos avec les différents accords conclus avec d’autres partenaires techniques et financiers. C’est le cas par exemple avec la Banque mondiale qui vient d’annoncer à la conférence de Paris en décembre une promesse de financement à hauteur de 1,3 milliards de dollars. Les compteurs intelligents attendus en mars De passage à Madagascar à l’occasion de la réunion annuelle des directeurs de la Banque mondiale de la région Afrique, le vice président chargé de l’Afrique, Makhtar Diop , a tenu à faire le point sur la situation de la Jirama avec les autorités malgaches. À l’entendre, des mesures devraient être prises dans les prochaines semaines pour accélérer les réformes. Outre l’officialisation du processus de recrutement, l’arrivée des compteurs intelligents censés pour lutter contre les pertes d'électricité est attendue en mars. Ceux-ci devraient fonctionner deux à trois mois, selon le ministre Herilanto Raveloharison. Lova Rafidiarisoa
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