Bien-être social - Les rôles des institutions religieuses en question


Éduquer serait le principal rôle des institutions religieuses. Des actions dont les impacts semblent minimes étant donné la décadence morale de la société malgache. Défaillance. « Quels rôles les institutions religieuses jouent-elles envers le bien-être social   ». Une question autour de laquelle s'est déroulé un débat organisé par l'ambassade des États-Unis et l'Union des Comores, hier, au centre culturel américain Tanjombato. Catholiques, protestants, juifs, musulmans et traditionnalistes ont été représentés par des panélistes. Éduquer les croyants et faire en sorte qu'ils vivent leur foi dans leur sphère sociale, serait la fonction principale des institutions religieuses, à entendre les débats d'hier. Une fonction qui, en principe, devrait amener une harmonie et un bien-être social, étant donné que le sens moral, l'amour et l'aide de son prochain sont des points d'ancrage. Vu la décadence morale qui gangrène la société malga­che, de la base au sommet, et ses effets néfastes sur le bien-être de la population, la question s’est posée: « Les institutions religieuses auraient-elles donc, failli dans leur rôle   ». Le pasteur Hubert Rakotoa­rivony, du « Fikamba­nana mampiely baiboly », a répliqué « qu'il s'agit d'une défaillance totale de l'éducation en générale et nous sommes tous responsables ». Certes, mais dans la société malgache, la religion occupe une place particulière, au point que « le principe de laïcité de l'État s'applique d'une manière échafaudée dans la Grande île ». Qu'ils soient au pouvoir, ou d'opposition, ou encore, responsables au sein de l'administration publique, tous se targuent d’être « croyants ». Être dignitaire d'une institution religieuse est même un statut, systématiquement, mis en avant comme « caution morale », au sein de la société. Faiblesse Dans la pratique de la gouvernance étatique, notamment, où se jouent de grands enjeux du bien-être social, pourtant, les préceptes moraux de la religion se trouvent annihilés. Dans les communiqués où elles dressent un bilan alarmant de la conjoncture nationale, les confessions au sein du Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FJKM), par exemple, n'ont de cesse de réprimander le comportement et les déviances morales des dirigeants. « La solution est une prise de conscience et d'action. Il faudrait que la religion fasse des actions plus poussées, par le biais de suivi des fidèles dans la sphère sociale, par exemple, afin qu'ils vivent réellement leur foi. Il faut que les préceptes religieux ne soient plus qu'écou­ter mais être vécus », a soutenu le pasteur Rakotoa­rivony. Un autre religieux abordé, hier, a concédé, pourtant, « une faiblesse », de la religion qui fait qu'« elle se laisse manipuler notamment par les acteurs politiques, notamment ». Réservoir intarissable de voix, la religion est, effectivement, le terrain de chasse aux électeurs, préféré des politiciens malgaches. « C'est un fait, et la religion, souvent, se laisse faire car, espérant un appui financier ou matériel des autorités ou personnalités politiques », déplore le religieux abordé. Ce dernier avance, également, qu'un accompagnement des fidèles est nécessaire si l'on souhaite que le fait « d'être croyant », se reflète dans la conduite de la vie de la nation, dans le vivre ensemble au sein de la société. « Seulement lorsqu'ils sont élus ou nommés, les politiques ont tendance à fermer la porte aux religieux car, ils savent que ce que nous allons leur dire peut-être gênant », a regretté la source. Shalar Rija Andria­mamy, président des Hébreu Notsrym, quant à lui a déploré que certains abusent de « la miséricorde et du pardon », prônés par la religion. « Les choses changeront peut être lorsque les institutions religieuses se décideront à punir les croyants déviant. Par exemple, exclure de leur confession ceux qui pratiquent la corruption», suggère-t-il. Garry Fabrice Ranaivoson
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