Projet minier - Le sort de Base Toliara suspendu et indéfini


La reprise de la compagnie minière Base Toliara, suspendue depuis deux ans, ne s’annonce pas encore à l’horizon. Silence radio en haut lieu, au niveau des autorités et des communes concernées par le projet dans l’Atsimo-Andrefana. Le vrai débat demandé par ceux qui approuvent le projet de Ranobe ne s’est pas encore tenu. Reprise, suspension indéterminée ou définitive ? Aucun mouvement. Les mésententes entre les pro et anti Base Toliara ne se manifestent plus. C’est le calme plat dans les cinq communes concernées directement par le projet d’extraction d’ilménite de Ranobe, dans le district de Toliara II. Pas de mouvement de contestations, pas de frondes ouvertes par médias interposées à Toliara ou dans la capitale. Les dernières tensions remontent à environ quatre mois quand des journalistes des médias nationaux ont voulu effectuer des reportages à Benetsy, un fokontany anti-Base Toliara, situé dans la commune rurale d’Ankilimalinike, une des communes touchées par les éventuelles extractions de l’ilménite. Des représentants des fokontany qui se disaient membres de l’association « Mazoto », laquelle s’oppose fermement à l’installation du projet, n’ont pas voulu s’entretenir avec les journalistes. D’un autre côté, un petit nombre d’habitants favorables au projet ont tenté de s’exprimer. Mais ni les prises d’image et de photos, ni les interviews n’ont pu être réalisées tant la pression était manifeste. Au final, les pour et les contre se sont encore chamaillés. On entendait des femmes s’exprimer sur leur crainte des conséquences des exploitations. « Nous ne voulons pas d’enfants handicapés des suites des radioactivités…. », crient les unes. « Comment pouvez-vous dire que vos enfants seront handicapés », répondent les autres. « Nous ne voulons plus être vus à la télé car des médias déforment nos propos…», répliquent les « Mazoto ». Parsemées La plateforme des Notables de Toliara continue, en revanche, leur sensibilisation sur les bénéfices que les populations peuvent tirer du projet Base Toliara. Les membres sont descendus à Benetsy et dans d’autres communes, sans heurts majeurs. Ils insistent sur les emplois que pourraient brasser le projet. Mais ce ne sont que des arguments qui prêchent presque dans le désert. Les moyens et les stratégies de communication ne font pas le poids par rapport aux attentes des populations. Bien que cela soit la seule entité qui ose clamer publiquement l’ouverture de Base Toliara et qui ose affronter les opposants au projet. Au niveau des autorités locales, des maires se disent favorables vu la recrudescence de l’insécurité, notamment dans le district de Toliara II, tandis que d’autres notables campent sur leur opposition pour des raisons politiques, économiques et culturelles. Base Toliara est frappée d’interdiction de communication depuis sa suspension décidée en Conseil des ministres le 6 novembre 2019. Elle ne peut donc pas vraiment s’étaler sur les détails techniques dont le public et les autorités pourraient pourtant avoir besoin afin d’avancer dans les décisions. Le document sur les études de faisabilité du projet est entre les mains du ministère des Mines depuis le mois de février 2021. « Cette situation floue, sans ni reprise ni position claire de l’État lèse davantage le secteur minier dans cette région riche en ressources minières », lance le sénateur élu à Toliara, Marcel Eongombelo, éternel défenseur de la réouverture de Base Toliara. Des techniciens… au chômage Vingt-quatre jeunes femmes et hommes, âgés entre 21 et 30 ans ont suivi des formations de vingt-quatre mois sur les mines industrielles du Kenya. Ils reviennent certifiés techniciens et ouvriers spécialisés en mines industrielles, répartis dans trois filières à savoir l’Électricité industrielle, la Mécanique et l’Automotive. Des cours pratiques et théoriques au sein de la compagnie Base Resources de Kwale et au National Industrial Training Authority (NITA) de Kenya. Stanislas Belahy, 24 ans, habite une petite deux-pièces dans le quartier d’Ambohitsabo, à Toliara. Il y habite avec ses parents et ses cinq frères et sœurs. Il a été le seul de sa fratrie à avoir atteint un niveau universitaire. En tant qu’ainé de la famille, il a toujours aidé ses parents dans les besoins de la famille tout en fréquentant l’université de Toliara. Depuis son retour du Kenya au mois de septembre, il n’a pas encore trouvé du travail alors qu’il est maintenant un technicien en mécanique industrielle. «Je continue d’espérer que Base Toliara rouvrira ses portes et que je pourrais pratiquer ce que j’ai appris au Kenya. Pour l’heure, je n’ai pas encore trouvé un emploi qui correspond à ma spécialité à Toliara, mais je ne perds pas confiance », livre le jeune homme. Odon Fanampindrainy, spécialisé dans la même filière, répare des radios, des postes téléviseurs depuis qu’il a 12 ans. Son père l’élève seul avec toutes ses sœurs et a du mal à joindre les deux bouts. Tout le beau monde attend que l’adolescent trouve un bon emploi pour pouvoir vivre comme il faut. En attendant, il conduit des cyclo-pousses et gagne entre 4 000 et 10 000 ariary par jour, selon les jours. C’est le cas de nombreux apprentis, aujourd’hui certifiés techniciens comme Palvon Mampihempa, Francklin Fanomezantsoa ou encore Francisco ainsi que huit jeunes femmes formées au Kenya. Ils enchainent les petits boulots, rien à voir avec les mines, pour survivre.
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