Commission mixte sur les îles éparses - L’heure de vérité à Andafiavaratra


Jour J pour la réunion entre la partie malgache et française, au sein de la commission mixte sur les îles éparses. Les deux camps tenteront de faire valoir leur position durant ce face-à-face. Quatre heures. Sauf changement ou prolongation, telle sera la durée de la réunion de la commission mixte sur les îles éparses qui se tiendra, aujourd’hui, au palais d’Andafiavaratra. Pour la première fois depuis l’annonce conjointe faite par Andry Rajoelina, président de la République, et son homologue Emmanuel Macron, à Paris, en mai, les deux parties vont aborder les questions de fonds et de forme sur l’avenir « des îles malgaches de l’océan Indien ». Le décor est planté. Chaque camp sera composé de cinq négociateurs officiels, appuyés par un sixième homme. Comme annoncé durant le conseil des ministres de mercredi, la délégation malgache sera conduite par Christian Ntsay, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères par intérim. La team France, quant à elle sera menée par Marcel Escure, ambassadeur à la coopération régionale dans l’océan Indien. L’ensemble de la délégation française est présente dans la Grande île, depuis hier. Pour Madagascar qui accueille la première réunion de la commission mixte, depuis l’annonce de la relance des pourparlers concernant les îles éparses, le choix du lieu du face-à-face est hautement symbolique. Le palais d’Andafiavaratra a accueilli la cérémonie de signature de la déclaration d’indépendance, en 1960. Erigeant la question des îles éparses en affaire nationale, le chef de l’État a lancé un appel à l’union sacrée, vendredi, en marge d’une cérémonie à la Cour suprême, à Anosy. Non-sujet Il s’agit de parler d’une seule voix pour « la réintégration de ces terres dans le territoire malgache », comme l’a indiqué le chef du gouvernement, vendredi également, en marge d’une réunion au ministère des Affaires étrangères à Anosy. Le ministère de la Défense nationale requiert même à chaque foyer de hisser le drapeau national, ce jour, comme signe de cohésion nationale. S’agissant de la position que Madagascar défendra durant la réunion d’aujourd’hui, seul le communiqué du conseil des ministres de mercredi, a affirmé sans ambages le mot « rétrocession ». Il ne devrait pas être autrement, si on se réfère aux propos du professeur Raymond Ranjeva, dans une interview publiée par le magazine Jeune Afrique, en juin. Parmi les figures de proue du camp malgache, à Andafiavaratra, ce jour, l’ancien vice-président de la Cour internationale de justice (CIJ), a déclaré dans cet entretien au sujet des îles éparses, « le problème juridique est clos ». Il a ajouté que « la cogestion est un non-sujet ». Des personnes présentes à Andafiavaratra, aujourd’hui, le professeur Ranjeva est, probablement, celui qui connaisse le mieux le sujet. Celui qui préside actuellement l’Académie malgache a mené les plaidoyers pour la rétrocession des « îles malga­ches », devant les Nations Unies, en 1979, et a obtenu gain de cause. Il est probable alors, que la position malgache suive la ligne qu’il a défendue devant les instances onusiennes et qu’il a réaffirmée dans Jeune Afrique. La partie ne sera pas, pour autant, aisée. Durant sa visite sur la Grande glorieuse, une des îles éparses, en octobre, le Président Macron a dit « ce n’est pas qu’une plage, c’est d’abord la France ». Une phrase qui résume la position que devrait défendre la délégation française, aujourd’hui. Soulignant les enjeux stratégiques et écologiques que représentent ce qu’il qualifie de « territoire français au milieu de cette région de l’océan Indien », a inscrit la Grande glorieuse dans la liste des « réserves naturelles nationales (française) ». Le président français compte en faire autant pour le reste des îles éparses. Dans un contexte de reprise des discussions entre les deux pays au sujet de ces îles, l’ini­tiative du locataire de l’Elysée a été vue comme une tentative d’acculer les autorités malgaches et les amener à accepter la cogestion. Une option qu’il a soulevée à Paris, en mai, et réitérée sur la Grande Glorieuse, dernièrement, pour « préserver la biodiversité ». La position de la France sur le sujet est tranchée, de prime abord. Les négociateurs malgaches auront alors, à batailler dur pour obtenir l’application de la résolution onusienne de 1979, si telle est la ligne à défendre. Reste à voir si les quatre heures de réunion de ce jour, suffiront pour parvenir à un consensus.  
Plus récente Plus ancienne