Ressources halieutiques - Les petits pêcheurs de crabes lésés


Les exportateurs et les collecteurs gagnent beaucoup dans la chaîne d’exploitation de crabes. Des alternatives sont proposées. Incomparable. Les bénéfices entre pêcheurs sont par trop inégaux. Un pêcheur traditionnel de crabes gagne en moyenne 2170 ariary par kilo et un exportateur, 19 000 ariary. Une étude réalisée en 2015 par WWF relate ainsi que l’inégalité des gains est trop énorme. L’atelier de restitution des recommandations des trois ateliers interrégionaux sur la filière crabe, qui s’est déroulé hier à l’hôtel Panorama, a souligné que les petits pêcheurs de crabe sont défavorisés en matière d’exploitation de ces crustacés très prisés pour leur chair. Par ailleurs, 50% de la production exploitable imposée par la loi à 5000 tonnes par an s’exportent. 32% sont destinés au marché local et les 17% restant regroupent les pertes post-captures. «Ces 17% engendrent un déficit annuel évalué à quelques 4, 5 millions de dollars par an. La non maîtrise des captures est ainsi une autre perte dans cette chaîne d’exploitation », explique Judicaël Rakotondrazafy, responsable conservation et paysage dans la région Menabe auprès du WWF. La restitution d’hier a ainsi également mis en exergue la valorisation des captures pour améliorer les revenus des pêcheurs, des mareyeurs et des sous-collecteurs. Il est alors possible de gagner plus sans capturer plus en respectant les mesures en vigueur telles que la taille minimale autorisée de 11cm ou encore le quota d’exportation en poids vif de 4250 tonnes. Alternatives Les pêcheurs sont encouragés non seulement à réduire les risques de mortalité post-capture, à livrer aux collecteurs et exportateurs des crabes pleins en chair, vigoureux et bien hydratés. L’exportation des crabes vivants permet d’obtenir un prix élevé de deux fois plus par rapport aux prix sur les ventes locales. « Les pêcheurs sont incités à se regrouper en coopératives pour pouvoir jouir des bénéfices de la détention de permis de collecte. Ils ne seront plus contraints de négocier avec des intermédiaires mais négocient directement avec des exportateurs », avance encore le responsable de WWF. Une proposition qui ne convient pas toujours aux pêcheurs qui ont été représentés à cet atelier de restitution d’hier. « Le système de coopérative ne fonctionne pas dans certaines localités. La plupart ne sont pas seulement pêcheurs mais aussi agriculteurs et la combinaison demeure une problématique », explique le représentant. Le ministre de la Pêche et des ressources halieutiques, Augustin Andria­mananoro, a exhorté les uns et les autres à une « exploitation responsable ». « Les petits pêcheurs restent lésés car n’ont pas les mêmes outils et techniques que les dits “grands” pêcheurs. La forte pression sur les mangroves est un autre problème. La pêche n’est pas bien répartie dans les zones riches en mangroves », relate-t-il. Ce premier responsable des ressources halieutiques et de la pêche dit élaborer des moyens pour trouver équilibre et équité dans la gestion des ressources halieu­tiques en général. Un projet de texte relatif à la Zone de pêche exclusive est de ce fait, dans les coulisses.  
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