Brieville Ambatondrazaka - Vague d’exécutions sommaires par l’armée


L’armée est vivement critiquée pour violations graves des droits de l’homme à Brieville. Plus de six personnes ont été arrêtées puis fusillées. Rackets et tortures font également jaser. L’escadron de la mort. Une onde de choc s’abat sur Brieville Tsaratanàna. Un peloton militaire constitué de plus d’une trentaine de bonhommes, commandé par un colonel de l’armée malgache, est cloué au pilori. Une série d’exécutions sommaires, des extorsions de fonds ainsi que des actes de tortures, perpétrés sur de présumés bandits de grand-chemin sont signalés. « Des individus montrés du doigt d’être des bandits sont arrêtés, la nuit en l’occurrence. Certains sont fusillés et d’autres torturés. Outre le passage à tabac, les militaires ôtent les vêtements des suspects et lâchent sur leurs corps du plastique en fusion. Ceux qui ont du pot de vin à verser achètent leur liberté au prix d’ahurissants rackets», se désole un habitant de Brieville. Un représentant des autorités locales confirme les cas d’homicide, les extorsions de fonds ainsi que les traitement inhumains, cruels et dégradants dénoncés. Selon ses explications, les militaires incriminés ont monté un quartier général de fortune où sont placés en garde à vue les personnes arrêtées, bien qu’ils n’ont pas qualité de police judiciaire. « Pas moins de cinq personnes ont été froidement tuées », lance-t-il. Chasse à l’homme Joint au téléphone, un adjudant-chef de l’armée malgache qui tire les ficelles dans les déploiements opérationnels de petite envergure, nie en bloc les tortures et les rackets. En saisissant la balle au bond, il prône la légitimité de la neutralisation des dahalo. « L’opération a commencé il y a un mois. Le fokonolona nous a remis une liste noire des bandits les plus redoutés. Ces individus blacklistés seront abattus. Depuis le début du déploiement, six personnes activement recherchées ont été neutralisées définitivement dans les zones périphériques de la commune de Brieville. D’autres chefs dahalo ont été mis hors d’état de nuire dans d’autres localités enfouies dans les brousses profondes. Le bilan ne nous est pas encore toutefois parvenu, faute de couverture, par les réseaux de téléphonie mobile », confie le sous- officier de l’armée de terre. Les avis semblent néanmoins partagés. D’une part, des villageois déplorent des violations graves des droits humains, foulant au pied les lois. D’autre part, des habitants saluent les actes perpétrés, aussi cruels qu’ils soient. «L’ordre et la sécurité reprennent peu à peu leurs droits depuis que ces hommes de l’armée sont sur terrain. Il faut néanmoins venir ici pour voir la réalité. La présence permanente de forces de défense et de sécurité, encore plus proches de la population, est souhaitée», amorce Léandre Ratsiatosika, ancien maire de Brieville. En déplacement dans la région Menabe, le maire en exercice est pour sa part injoignable. Le décès sur le champ de bataille d’un militaire il y a plus d’un mois, lors d’une poursuite engagée contre des voleurs de bovidés, a ouvert la boîte de Pandore. Tombé sur le champ de bataille, celui-ci a été de surcroît dépouillé de son Kalachnikov. Ce cinglant camouflet a déclenché cette meurtrière chasse à l’homme. «Nos détracteurs tirent partie de l’insécurité et des actes de banditisme qui ont sévi. Du coup, ils diabolisent l’opération pour que l’escadron opérationnel soit démonté. Il faut toutefois savoir que nos propres vies sont en danger. Des individus malintentionnés tentent de nous empoisonner. Pas plus tard que vendredi soir, une horde de dahalo embusqués qui venaient de faire main basse sur une douzaine de bovidés ont essayé de nous tendre un guet-apens », lance l’adjudant-chef. A l’entendre, le déploiement armé devait durer un mois. Une prolongation serait néanmoins envisageable du fait que l’escadron serait en passe de remonter des pistes sérieuses. En tout cas, l’opinion publique secoue comme un prunier. Bon an mal an, des habitants lancent des appels de détresse par le truchement médiatique et accusent des militaires de l’opération d’être des tortionnaires, auteurs de rackets et d’aberrantes extorsions de fonds.  
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