Les victimes collatérales des parents stressés


«Vivement la rentrée ! »« Où pouvons-nous l’envoyer pendant les vacances ? »… De plus en plus, le rôle protecteur des parents est difficilement assuré. Au mieux, ils n’ont plus le temps (ni la force ?) de vivre avec leur enfant dans la journée. Au pire, ils démissionnent tout simplement en se fiant aux enseignants. Les périodes de vacances accentuent cette situation, si aucun départ n’est programmé. Et l’on assimile vite la turbulence à l’indiscipline. Ce qui entraine aussitôt cris, claques, fessées et à la fin, des « Dehors et ne revient qu’à midi» ou « à 18 heures ! » Comportement éhonté et mettant à mal les droits de l’enfant. Et le voilà livré à lui-même et à ses copains (ou copines), libéré malgré lui de la surveillance indifférente ou, au contraire, bien lourde, d’un adulte mal luné. Parfois, on l’abandonne chez Mamie ou Papi. C’est beaucoup plus sûr, mais cela n’arrange pas totalement les parents car les grands-parents ont tendance à trop gâter leurs petits-enfants qui les manipulent à tour de bras et redoublent ainsi leur soi-disant indiscipline.. Heureusement, la majorité des parents ne réagissent pas ainsi, même si une étude faite par la Dr Miarintsoa Rasoarimboahangy à Antananarivo en 2000-2001, démontre que les cas d’enfants maltraités augmentent. Sans distinction de classes sociales puisque dans la plupart des familles, l’esprit de possession reste toujours grand. Pire, l’on en est encore à considérer l’enfant comme un « bien » sur qui doit s’exercer le pouvoir parental. Surtout en cas de scènes conjugales quasi quotidiennes qui traumatisent l’enfant, car cela se traduit par des agressions verbales de part et d’autre, de déchirement, de « coups perdus »… « La famille, souligne-t-elle, est un milieu privilégié où s’exerce la violence… Les enfants les plus touchés sont ceux issus d’une famille déséquilibrée, dissociée ou désunie, et ceux qui n’habitent pas avec leurs parents et donc échappent à toute autorité parentale… » Cette absence de stabilité- donc il n’y a plus de repère- et les perturbations familiales engendrées par les violences conjugales, la précarité économique, la pression psychologique propre à l’éducation ou à la profession des parents, rendent l’enfant vulnérable aux agressions : 53% en sont les victimes et 4% les auteurs. La Sûreté urbaine d’Antanana­rivo et certains hôpitaux- donc cela ne reflète pas tout à fait les réalités- enregistrent et constatent au début du XXIe siècle des cas de violences familiales et domestiques. Toujours d’après les statistiques, 71% des victimes sont de sexe féminin et les agressions qu’elles subissent, se traduisent, en général, par de mauvais traitements, des menaces verbales, des viols souvent accompagnés d’inceste… En outre, livré à lui-même, l’enfant est enclin à s’embrigader dans une bande de quartier, tremplin où son agressivité peut, à son tour, exploser. Il devient aussi amateur d’images télévisées (ou de films vidéos) non adaptés au développement de son imaginaire et, malheureusement, qu’il aurait tendance à pratiquer dans son quotidien. Le problème est que cela engendre une spirale de violences. Parmi les auteurs d’agressions, de toutes sortes d’infractions, au début de ce siècle, on remarque des adultes qui, étant enfants, ont connu ou vécu dans la violence. Les conséquences en sont nombreuses. Entre autres, l’insatisfaction permanente, la limitation du développement intellectuel et des études, donc emploi peu exaltant, sinon absence de perspectives d’embauche, logement étroit et sans confort, tendance à l’évasion par l’alcool ou, pire, par la drogue. En conclusion de son étude, la Dr Miarintsoa Rasoarimboahangy recommande que, parallèlement à l’éducation familiale et parentale, les services sociaux sont à vulgariser, par exemple au niveau des fokontany. De plus, les activités de ces services sociaux, s’ils en ont, sont à améliorer pour qu’ils puissent apporter aux victimes des conseils pratiques et juridiques, et un soutien moral, car il y a trop de délits contre enfants non punis, faute de plainte déposée. Dans cette optique, il est temps d’initier une technique de dépistage des mauvais traitements dans la famille et de sensibiliser les parents sur les droits de leurs enfants. Et surtout sur les peines qu’ils encourent en cas de transgression. Enfin, il faudra sans doute insérer dans les plans communaux de développement, la création d’infrastructures récréatives, socioculturelles, sportives…, pour occuper les enfants quand ils vaquent les cours.
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