Addition svp !


Le deuxième examen de l'année commence aujourd'hui. Les prétendants au Brevet d'études du premier cycle se nombrent par dizaines de milliers dans tout le pays, comme chaque année. Pour beaucoup d'entre eux, c'est l'étape la plus loin qu'ils pourront franchir, soit faute de moyens vu le montant des droits d'inscription prohibitifs, vu le prix des fournitures et le coût du transport, soit faute de capacité intellectuelle, réduite par la malnutrition et la pauvreté, soit, faute d’un savoir-faire, compromis par des enseignants sans qualification, recrutés en vrac pour des raisons politiques. Le chemin de la moitié devra s'arrêter à ce stade. Il y en aura peut-être davantage à en juger le taux de réussite singulièrement très bas au Certificat d'études de l'enseignement primaire. Presque la moitié des candidats est restée sur le carreau. Si, pour faire des additions et des soustractions, les enfants ont eu toutes les peines du monde à s'en sortir, il ne faut pas espérer mieux quand on doit en découdre avec la trigonométrie ou l'espace vectoriel. Il n'aura pas fallu attendre longtemps après avoir semé la tempête en 2009 pour récolter le vent des bêtises de la Transition. L'avènement de dirigeants sans grand cursus, avec un biceps plus grand que le cerveau et plus habitués à manipuler une console de mixage qu'à feuilleter un ouvrage d'un grand auteur, a fait croire à la jeune génération que les longues études sont complètement inutiles pour réussir et se hisser au sommet de la Nation. Ravalomanana avait incarné ce success story mais était conscient de l'importance de l'éducation qu'il voulait réformer avec la réduction du cycle primaire, l'adoption de l'anglais comme langue d'enseignement, l'introduction de l'approche par compétence. Rajoelina a donné le coup de grâce en incarnant l'image de la réussite d'un jeune opérateur dans l’évènementiel et la communication qui n'a pas eu besoin de perdre son temps dans les universités. Après avoir quitté le pouvoir, ce dernier rattrape son retard en prenant des cours particuliers dans son «exil» en France. L'administration Rajaonarimampianina a achevé le travail par le recrutement populiste et massif d'enseignants peu ou pas du tout qualifiés pour étouffer une grève sans fin dans l'éducation. Ils sont près de vingt mille à répandre le virus de la médiocrité dans les établissements publics depuis deux ans. Comment peut-on s'attendre à des élèves à la hauteur de ce qu'ailleurs, on demande à des enfants de dix ans, quand ils sont encadrés par des enseignants ayant presque le même diplôme qu'eux  ? Désormais, on verra de moins en moins de publicité sur le taux de réussite aux examens devant les établissements scolaires , même les plus petits où deux sur deux candidats ont réussi. La limitation de la liberté d'expression a ceci de positif que le taux de réussite a cessé de faire le parallèle avec le score soviétique aux élections. Le drame est bel et bien là, en relief, à visage découvert, sans peur et sans reproche comme les dirigeants de la 4e République. Le pire reste à venir avec la réduction du budget de l'éducation dans la loi de finances rectificatives. D'ailleurs cela les arrange étant donné que plus le niveau intellectuel et culturel des électeurs diminue, plus il est facile de gagner les élections, à commencer par la présidentielle de 2018. Et si le taux de réussite aux examens était une grandeur directement proportionnelle au taux de participation électoral, un second mandat ne ferait pas l'ombre d'un doute. Ananas sur le gâteau, il y aura de moins en moins de jeunes à même de pouvoir embrasser la carrière de journaliste. Tant qu’à faire, on pourrait aller jusqu'à la fermeture des filières communication et journalisme dans les universités et instituts publics ou privés. C'est la loi qu'il fallait faire voter par les dix-huit députés au lieu de leur donner le tournis avec les 209 articles d'un code dont ils se moquent. À se demander s'il faut instaurer dans le code électoral, que pour être éligible à l'Assemblée nationale, il faut justifier au moins du diplôme du CEPE. Au moins, l'éducation ne formera pas que des gens de maison pour mourir dans les paradis du Moyen-Orient ou des pays arabes.
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