Libéralisation de l’économie et ouverture politique côte à côte


L’idéologie communiste de 1975 est bien loin, dix ans plus tard. La libéralisation de l’économie qui s’ouvre vers l’extérieur, est également accompagnée d’une ouverture politique. Comme l’explique Pascal Chaigneau, dans son discours d’intronisation devant l’Académie des Sciences d’Outremer, le 16 février 1990 (lire précédente Note), la tentative d’un parti unique au tour du Front national pour la défense de la révolution est un échec. Aussi le pouvoir accepte-t-il la constitution d’une « opposition » composée de partis anciennement alliés de l’Avant-garde de la révolution malgache (Arema), parti du président Didier Ratsiraka. Au plan national, l’Arema demeure majoritaire, mais son succès semble « relatif » dans les grandes villes du pays. Dans aucune des six capitales provinciales, le candidat Didier Ratsiraka ne dépasse le score de 50% aux présidentielles de 1989. Toutefois, fait remarquer l’intervenant, l’opposition, divisée, n’offre pas encore l’image « d’une force politique d’alternative ». Le leader maoïste des années 1970, Manandafy Rakotonirina, président du MFM, se présente alors comme un homme du centre-droite. Pour sa part, le Parti communiste (AKFM) vient de subir une scission en 1989, et on constate l’AKFM-Renouveau de Richard Andriamanjato, dans l’opposition, et l’AKFM-KDRSM de Gisèle Rabesahala, toujours allié du régime. Et malgré le score honorable réalisé, comme toujours, par le pasteur Richard Andriamanja to aux élections municipales dans la capitale, « le parti est en pleine déliquescence ». Quant au vieux chef charismatique Monja Jaona du Monima, il redevient conseiller supérieur de la Révolution, « organe constitutionnel largement influencé par le président de la RDM ». En parallèle, cette ouverture poli tique s’accompagne d’un « regain d’intérêt » pour la coopération culturelle avec la France. Voici ce qu’en dit le directeur général de l’École des Hautes-études politiques et sociales : « Les critiques contre la francophonie son t bien loin. La langue française est passée du statut de langue de l’oppresseur colonial à celui de langue des révolutionnaires de 1789. » Pascal Chaigneau donne, en outre, les trois facteurs du retour de Madagascar dans le giron de la francophonie. Sur le plan financier, la France es t le premier bailleur de fonds de la Grande île. Politiquement, Didier Ratsiraka veut que la visite de François Mitterrand en juin 1990, qui est prévue depuis plusieurs années, soit une réussite. Et dans le domaine culturel, la « malgachisation » de l’Enseignement dans les années 1970, a montré ses limites, en marginalisant Madagascar du monde francophone et en l’isolant, politiquement, de la communauté internationale. Deux raisons fondamentales amènent aussi la Grande ile à mettre en veilleuse son idéologie marxisante. D’abord, la faillite économique, car son revenu par habitant figure parmi les plus faibles du monde. Le « système pou voir d’achat » (SPA) perd 43% par rapport à 1960. Dans la même période, le déficit extérieur est multiplié par 18. La couverture des importations par les exportations est également déficitaire depuis 1977. Si Madagascar a un excédent extérieur de production rizicole de 236 000 tonnes en 1979, dix ans plus tard, elle en importe 200 000 tonnes par an. Quant à la monnaie, elle es t noyée dans l’inflation. Cette faillite économique succède, en fait, à la « faillite du système communiste ». Les relations entre la Corée du Nord et le président Didier Ratsiraka ne portent que sur « des points mineurs » pour le peuple malgache. Comme la construction du nouveau Palais présidentiel à Iavoloha, la sécurité rapprochée du chef de l’État à l’instar de ses collègues des Seychelles ou d’Éthiopie… Le contexte international rend aussi difficile la défense d’idéaux reniés même par le « grand frère soviétique » qui, d’ailleurs, ne consacre que 0,04% de son PNB à l’assistance des « pays frères » du Tiers-Monde. Et surtout, la pression du Fonds monétaire international se fait, « chaque jour » pesante, même si elle demeure nécessaire. Cette intervention directe commence au début des années 1980, avec l’ajustement structurel, et se poursuivent avec différents programmes du même acabit, mais sous une autre dénomination.
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