Filières crabes - Sansafa réclame l’annulation des licences de pêche


Des licences d’exportation de crabes ont été octroyées à des opérateurs chinois exclusivement. Les plateformes défendant le secteur interpellent le ministère de tutelle. Non transparentes. La moindre information gravitant autour de la filière crabe s’obtient au compte-gouttes d’autant plus qu’une récente révélation sur le propriétaire des licences d’exportation a défrayé la chronique. Cinq compagnies chinoises appartenant toutes à un seul propriétaire, ont obtenu des licences d’exportation, cette année. Il s’agit des mêmes sociétés auxquelles des licences d’exportation ont été délivrées l’année dernière. Et ce, malgré des alertes médiatisées par des opérateurs malgaches qui ont attiré l’attention sur l’octroi des licences à des étrangers. Les plateformes Sansafa (Southern african non-state actors Platform in fisheries and aquaculture) et Renafep (Réseau national des Femmes de la pêche à Madagascar) réclament l’annulation de cet octroi « unilatéral et inéquitable de licences ». « L’octroi exclusif de licences à des opérateurs étrangers par le gouvernement porte atteinte à la durabilité et à la viabilité économique de la filière Crabes. La gestion durable des stocks de la ressource risque fortement d’être mise en péril. Une production de 100 tonnes par semaine est autorisée aux opérateurs chinois alors que la prise maximale équilibrée est maintenue à 7 500 tonnes par an avec des Prélèvements totaux de captures annuels (PTCA) fixés à 5 000 tonnes poids vifs et une Quantité totale d’exportation de crabe maximale autorisée (TECMA) à 4 250 tonnes de poids vif », détaillent les plateformes. Réforme Il y a un risque réel de pêche interdite et illicite. Et cela mènerait directement à une dégradation irréversible de la filière. Etienne Bemanaja, directeur général de la Pêche, auprès du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (MAEP), quant à lui, parle d’une réforme. « Le secteur Pêche en général est entré dans une réforme depuis 2019, à la suite d’une concertation nationale organisée à Antsohihy. La réforme concerne le mode d’exploitation, les acteurs concernés ou encore des recherches de solutions sur le stock réel disponible. Un quota par société a été décidé dépendant de sa capacité » explique-t-il. Les licences de cette année ont été octroyées à des sociétés en lice depuis l’année dernière, car selon les précisions du DG de la Pêche, « la mise en place de la réforme ne peut casser d’un coup le processus d’exploitation des crustacés, aussi, les anciennes autorisations ont-elles été renouvelées ». Bien que le département veuille avancer coûte que coûte dans cette réforme, les opérateurs malgaches se sentent lésés. Peu ont accès aux cahiers des charges de ces sociétés, ignorent tout du quota par société accordé par le ministère, et en savent encore moins sur le plan de suivi de toutes leurs opérations. Le département ministériel insiste sur la réforme, « pour l’intérêt supérieur de la nation » tandis que les plateformes qui défendent le secteur Pêche, réclament une concertation avec les opérateurs nationaux « afin de définir des octrois juste et équitable de licences, pour donner plus de chance aux nationaux et pour assurer une bonne gestion à travers une pêche responsable.
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