Prétexte Fasan-dRainiharo


Excellente initiative qu’a prise le Ministère de la Culture de procéder au nettoyage des abords du «Fasan-dRainiharo», mausolée de la famille de l’ancien Premier Ministre de la Reine Ranavalona 1ère (1828-1861), que Jean Laborde lui avait construit. Rainiharo, décédé en 1852, avait été principal conseiller de la Reine pendant vingt ans. Celle-ci lui accorda des funérailles qu’on dira aujourd’hui «nationales». Les récits de la journée parlent généralement d’une «hécatombe» de boeufs sacrifiés sur le passage du cortège depuis sa Tranobe (grande maison) d’Andafiavaratra jusqu’au promontoire d’Isotry qu’il ne faut pas confondre avec Ambodin’Isotry, justement en contre-bas, et dont une Place dite Andrianjaka, «enterre» donc dans la plaine (cote 1247) le fondateur d’une Ville dont le Rova est situé au sommet d’Antananarivo (1483 mètres d’altitude à son point culminant). Fils d’Andriantsilavo, un Conseiller du roi Andrianampoinimerina (1785-1810), Ingahivony deviendra Rainiharo à la naissance de son fils Raharo, lui-même futur Premier Ministre sous le nom de Rainivoninahitriniony. Les «Terak’Andriantsilavo», descendants d’Andriantsilavo, avaient déjà gagné le droit de présenter en leur nom le Hasina royal, mais c’est véritablement Rainiharo qui les fera passer à la postérité sous le générique d’Andafiavaratra, du nom de l’emplacement situé au Nord du Rova, sur lequel un autre fils de Rainiharo, le Premier Ministre Rainilaiarivony, fera bâtir l’actuel palais achevé en 1872. C’est en juillet 1864 que Rainilaiarivony devint Premier Ministre en remplacement de son frère. Il demeurera en fonction pendant 31 ans et son histoire personnelle coïncida avec le dernier tiers du 19ème siècle malgache, jusqu’à la capitulation du 30 septembre 1895. Véritable «dynastie» parallèle à celle de la famille royale, les Andafiavaratra allaient multiplier les mariages endogames, allant jusqu’à déshériter les contrevenants au «lova tsy mifindra». Le palais d’Andafiavaratra est bâti sur l’ancien emplacement de la tombe d’Andriampirokana, ancêtre Antehiroka de Rainiharo. Par leur autre origine d’Ilafy, les Andafiavaratra appartiennent au Foko Tsimiamboholahy qui compte quatre sous-groupes : Rainiharo et sa famille sont des Andriaminovola du sous-groupe Andriamanazary. Les Tsimiamboholahy, un des trois Foko Hova de l’Avaradrano avec les Tsimahafotsy et les Mandiavato, ont joué un rôle important dans l’accession au trône d’Andriambelomasina, le grand-père d’Andrianampoinimerina, auquel les Tsimiamboholahy se rallieront également pour conquérir Antananarivo, à la fin du 18ème siècle. Post-scriptum : J’ai eu l’occasion d’assister à un enterrement sur les terres tsimiamboholahy d’Ambohitrarahaba, territoire Andriamanarefo. Un petit cimetière s’y trouve en face du temple protestant et il est pour le moins «étonnant» que les autorités locales aient laissé le «tokotanim-pasana» servir de dépôt d’ordures. Outre le traditionnel respect des Razana, se posent le problème de la collecte et du traitement des ordures dans les localités autour de la Capitale, ainsi que la question de l’efficacité des Fokontany dans le rôle de vigie de proximité. Le long de la Route Nationale, à hauteur d’Ambohitrarahaba, se trouvent d’anciennes tombes en pierres sèches, aujourd’hui totalement négligées alors qu’elles témoignent d’une certaine architecture funéraire. Il y a une quarantaine d’années, en cet endroit, on assistait à de véritables rodéos dans la rue entre les boeufs qu’on menait à l’abattoir et leurs gardiens qui les exictaient sadiquement. Les gardiens SS des camps de concentration faisaient accélérer le mouvement aux déportés à l’approche des chambres à gaz : les gens essouflés s’étouffaient plus rapidement, semble-t-il.
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