Bras de fer Rajoelina-pétroliers - Second round décisif


Les négociations d’hier entre le président Andry Rajoelina et les pétroliers n’ont pas avancé à grand-chose. Les antagonistes ont encore campé chacun sur leur position. Persistant. L’énigme n’est pas prête d’être résolue dans les prochains jours comme promis par l’État depuis des mois. La baisse du prix du carburant garantie au 1er juin n’est pas encore au bout du tunnel. La rencontre entre le président de la République, Andry Rajoelina, et les compagnies pétrolières a eu lieu hier à Ambohitsorohitra. Celle-ci n’a pas vu la présence de tous les directeurs généraux des compagnies pétrolières, mais plutôt de leurs représentants. On indique que la rencontre continuera ce jour et demain mercredi. « Ce n’étaient pas encore des discussions à proprement parler, à mon avis, mais plutôt un rappel des attentes de l’État par rapport aux coûts et aux prix actuels du carburant. Il y eut également une présentation d’études», indique une source, qui a assisté à la réunion. La présidence, dans un communiqué, confirme que la première journée d’hier a discuté de trois études sur la structure des prix du carburant. « L'État a exposé ses propositions au sujet de la baisse de prix en visant l’obtention d’un juste coût établi sur une base factuelle, solide et complète », détaille le communiqué. Les représentants des compagnies pétrolières ne se sont pas prononcés, mais attendent les résolutions à l’issue de la troisième journée. Laborieux Les négociations ne s’annoncent pas être une mince affaire. D’un côté, il y a le président qui promet que le prix du carburant doit baisser pour faire souffler les ménages. De l’autre, les pétroliers demandent à ce que l’État scrute leurs marges bénéficiaires indiquées comme « excessives » alors que la quarantaine de taxes qu’on exige d’eux, n’ont pas diminué. « Il est tout à fait inadmissible de dire que les compagnies pétrolières ne réalisent pas de profits. Tout investissement attend des bénéfices. Mais ils ne sont pas aussi excessifs qu’on le laisse entendre. Mais nous ne pouvons pas non plus diminuer nos marges vu les taxes qui nous sont imposées ainsi que nos charges diverses », fait savoir récemment un pétrolier. Les taxes pétrolières constituent l’une des principales recettes de l’État, outre les taxes douanières. Les taxes sur les produits pétroliers ont été révisées à la hausse en 2018 avec 113 ariary de plus pour le supercarburant et 108 ariary de plus pour le gasoil, par rapport à 2017. Les compagnies se chargent par ailleurs des redevances destinées à l’Environnement, à l’Office malgache des hydrocarbures (OMH), à l’Agence portuaire maritime et fluvial (APMF), au Fonds d’entretien routier (FER) avec 258 ariary par litre d’essence et 129 ariary par litre pour le gasoil. Les compagnies ont cessé de verser cette redevance au FER d’un montant de 140 milliards d’ariary, mais le passif de l’État depuis le lissage des prix du carburant s’élève à 192 milliards d’ariary. Les prochains jours seront ainsi décisifs vu le désengagement de l’État du secteur depuis les années 1990 sans oublier la sonnette tirée par le Fonds monétaire international (FMI) qui avertit qu’il n’y aurait pas de continuité de la Facilité élargie de crédit (FEC) sans règlement de cette structure tarifaire du carburant.  
Plus récente Plus ancienne