Code de la fornication


C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! La nouvelle loi paraît simplette, mais cela prouve une fois de plus les velléités liberticides de ce régime qui essaie de se maintenir au pouvoir par la méthode la plus absurde et la plus minable : sortir une loi qui limite expressément la liberté d’expression ! Les journalistes dénoncent dans le désert la promesse  non tenue sur l’article 20 de la cybercriminalité, mais nous soulevons d’autres problèmes plus graves qui ne concernent pas seulement  les journalistes, mais le simple citoyen. Les différents articles visent : Les groupements professionnels qui ont osé ne pas payer d’impôt durant la transition. Désormais, s’ils font de nouveau appel pour un remake, ils risquent une amende et même plus. La société civile qui ne sera plus autorisée à inviter la population à boycotter la fête nationale ou à l’inciter à réagir pacifiquement à une injustice. Les facebookeurs qui devront désormais garder les photos compromettantes de certaines personnalités dans leurs archives. Etc etc… Le flagrant délit est désormais dépénalisé grâce à cette nouvelle loi puisque si vous prenez en photo/vidéo une personne en pleine action (peu importe quelle action compromettante), elle peut vous poursuivre, en étant sûr de gagner le procès ! Aucune balise ne limite les risques puisque le terme « diffamation » n’est pas défini. La frontière entre colportage et investigation est inexistante, et donc, le terme peut prêter à confusion. En termes simples, toute image, écrit et brochure peut être considéré comme une « diffamation » par la personne visée. Les sénateurs s’en sont donné à cœur joie. Attendons comment la chambre basse va réagir. Toute image incriminant une personnalité dans des situations compromettantes est une diffamation… Voilà comment nos dirigeants protègent leurs immoralités et leur gourmandise! L’honneur et l’image (déjà peu reluisante) des hauts fonctionnaires est plus importante que la sécurité et l’intégrité. Où est l’éthique ? Le Président confirme qu’ils ont pris les suggestions des journalistes comme base et les ont améliorées. Améliorer dans quel sens et pour l’intérêt de qui ? Pas pour le citoyen qui dénonce une corruption ou un abus de pouvoir en tout cas. Tous les actes de corruption se font sous le manteau, parfois en plein air (ou session, c’est selon) et les dénoncer serait désormais assimilé à de la diffamation. Ne parlons même pas des supports d’enregistrements qui n’auront plus de poids lors d’un procès: un enregistrement (audio et vidéo) de personne sans son consentement est de la diffamation. On ne prendra pas en compte le contenu de l’enregistrement mais carrément le fait d’enregistrer! Comment la justice peut-elle travailler correctement dans ces conditions ? Quelles lois appliquer ? Le code de la communication ou le code pénal ? Quelle loi prime sur l’autre ? Visiblement, semer le désordre est une spécialité de ce régime qui protège l’indécence et les abus de pouvoir. Ces derniers sont légion dans la vie quotidienne et le ras le bol risque d’être à son comble en légiférant l’interdiction de « réagir » face aux menaces. Le régime perd de vue l’intérêt de rester au pouvoir car, n’oublions pas que, si le pays sombre dans une nouvelle crise, ce n’est pas le simple citoyen qui va fuir le pays, ni les victimes des abus. Le retour de manivelle sera un choc terrible pour ceux habitués à la luxure et au mépris des autres. Ce serait néanmoins une bonne chose car on débarrassera le pays des raclures qui considèrent la politique comme un moyen d’enrichissement rapide. Ce code ouvre la porte à un État policier où la majorité de la population peine à survivre. Les citoyens les plus éveillés se trouvent, par ailleurs sur facebook et les réseaux sociaux, et ce sont eux les principales cibles de cette loi. Disons les choses clairement! Les secrets de polichinelle sont dévoilés sur la toile, les ébats de hauts fonctionnaires sont les plus vus et les réseauteurs crient tout haut ce que la majorité pense tout bas. Cela gêne évidemment, mais nos dirigeants ne sont-ils pas supposés être des modèles d’éthique et ne pas se livrer à des indécences (corruption, luxure, abus de position,…) au risque de subir un chantage ? Maintenant, la loi est de leur côté; ils peuvent vaquer sereinement à leurs basses besognes. Il est vrai que nous ne discutons pas des articles positifs de cette loi, mais comme l’exemple vient d’en haut, nous ne pouvons déroger à la règle. Et comme si çà ne suffisait pas, toute remise en question des pratiques financières et tentative de conscientisation sur les méthodes de gestion budgétaire est également interdite! Et pour une fois dans la vie de la nation, ce code est le rare code qui ne soit pas copié sur la France !!! Vive le patriotisme ! Nous nous délectons des reportages français sur les secrets et les trafics de haut niveau qui se passent chez eux. À Madagascar, faire ce genre de reportage est interdit ! Eh oui! C’est cela l’État de droit chez nous. Rechercher des données statistiques économiques est déjà tabou pour des raisons obscures. Essayez d’en avoir auprès de la douane ou de Gasynet… Pour finir, la radicalisation de l’État face à la liberté d’expression marquera une radicalisation des frustrations de la population, et de la classe éveillée. Qui sait ce qui va se passer si cette loi est votée ? Pour l’instant, les citoyens n’ont pas encore conscience des impacts de cette loi, mais quand ce jour viendra, le printemps arabe sera à notre porte, mais ce sera trop tard. C’est cette voie que nos dirigeants auront choisie… Par Iloo Sahïd
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