Le tricolore pour matérialiser la Nation malgache


Le 14 octobre 1958, au grand amphithéâtre du Lycée Gallieni, 208 membres des Assemblées provinciales en Congrès, proclament l’État malgache érigé en République. À cette occasion, le président Philibert Tsiranana lance « un vibrant appel à l’Unité nationale » (lire précédente Note). Le lendemain 15 octobre, le haut commissaire André Soucadaux déclare de manière solennelle « la caducité de la loi d’annexion  » du 6 août 1896. Après avoir pris acte, au nom du gouvernement de la République française, du vote du 14 octobre 1958, la France reconnait l’institution de l’État malgache. Le 16 octobre, l’Assemblée constituante est née, ses membres ont été désignés par les congressistes du 14 octobre. Au cours de la séance, les couleurs de l’emblème national sont arrêtées : « L’association du blanc, du rouge et du vert matérialise l’Unité de la Nation malgache  », mettent en exergue, les auteurs de l’ Histoire de Madagascar, ouvrage destiné aux lycéens des Terminales et sorti en 1967. Un gouvernement provisoire qui a, à sa tête, le président Philibert Tsiranana, assure l’Exécutif du jeune État pendant que l’Assemblée nationale, sous la présidence de Norbert Zafimahova, élabore la Constitution. En janvier 1959, des protocoles d’accord mettent à la disposition de la République malgache, les fonctionnaires d’autorité et les services de l’ordre public. Le 29 avril 1959, la Constitution prévue par la Loi constitutionnelle du 14 octobre 1958, est adoptée. L’élection du président de la République se déroule le 1er mai 1959, dans le Palais de Tsimbazaza. Le Congrès, formé de la réunion de l’Assemblée nationale et du Sénat, doit choisir entre quatre candidats. Au premier tour du scrutin, Philibert Tsiranana recueille 113 voix sur 113 suffrages exprimés et devient le président de la République malgache. Le gouvernement provisoire prend fin. L’hymne national malgache est chanté à Mahamasina où le président de la République prête serment. Le premier gouvernement entre en fonction le 14 mai 1959. Il comprend un vice-président, Albert Sylla, chargé de l’Agriculture, sept ministres et trois secrétaires d’État. Entre-temps, la Communauté suit, elle aussi, son petit bonhomme de chemin. La première session Outre-mer du Conseil exécutif se déroule à Antananarivo, «  parce que nous avons voulu rendre hommage et faire honneur à la capitale de la jeune République malgache  », déclare à Mahamasina, le 8 juillet 1959, le président de la République française, Charles de Gaulle. Mais déjà, dès le mois de mars précédent, des problèmes sont soulevés, au cours des réunions de ce même Conseil exécutif. Ils ont trait aux questions de représentation des États auprès des Nations étrangères, à la Communauté et surtout, aux relations avec les organisations spécialisées de l’ONU, Unesco, OMS, etc. « C’était la remise en cause des liens fédératifs. » Les Maliens que le voisinage du Ghana et du Nigéria indépendants rendent plus impatients, sont à l’origine de ces discussions délicates. La deuxième session Outre-mer du Conseil exécutif se tient à Saint Louis, au Sénégal, en décembre 1959. Le 13 décembre, à Dakar, le général de Gaulle admet le principe de l’accession du Mali (Fédération du Sénégal et du Soudan) à la souveraineté internationale. Et il ajoute que « la France considère que cette transformation ne doit pas empêcher la coopération et déchirer l’amitié ». Le président de la République malgache, dans le contexte nouveau de la Communauté, prépare, dès le début de 1960, avec son gouvernement, une conférence franco-malgache au cours de laquelle le transfert sera demandé. Des techniciens malgaches sont désignés pour former la délégation de Madagascar. Les négociations commencent à Paris, à l’Hôtel Matignon, le 11 février. De retour à Antananarivo, après avoir assisté aux premiers pourparlers, le président Tsiranana souligne « la cordialité des entretiens ». Il exprime sa confiance dans l’avenir des relations franco-malgaches  : «  La souveraineté nationale n’est pas incompatible avec une coopération des deux nations », précise-t-il. Les accords du 2 avril 1960 sont paraphés dans les salons de l’Hôtel Matignon par le président de la République malgache et le Premier ministre Michel Debré. « Désormais, la République malgache est un État indépendant et souverain. Elle n’est plus liée à la communauté par la Constitution de 1958. Son adhésion volontaire résulte des présents accords. » La révision constitutionnelle de cette nouvelle situation interviendra au cours de la session parlementaire de mai 1960. « Traitant d’égal à égal, les deux États s’accordent pour définir les domaines d’une coopération volontaire  : politique étrangère, défense, questions monétaires, économiques et financières, judiciaires, enseignement, transports, télécommunications. »
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