Santé et droits sexuels et reproductifs, levons les tabous !


Cinquième é́dition du séminaire annuel de la société civile à Madagascar. Notons que, depuis 2014, l’évènement vise traditionnellement à réunir les organisations de la société civile autour d’un thème spécifique, lié à de grandes questions de société. Il se veut être un espace de rencontre et d’échanges. Le choix du thème est osé car, dans une société et un régime qui se disent chrétien (quand cela les arrangent) les débats d’idées sur la sexualité, la santé, et les droits ne sont pas évidents. La santé sexuelle et reproductive relève pourtant d’un vrai enjeu de santé publique à Madagascar et les indicateurs en la matière sont alarmants. Quelques chiffres viennent illustrer cela, à savoir 478 décès maternel sur 100.000 dont un tiers est dû aux grossesses précoces. Rappelons également que 14% des jeunes filles de 15 à 19 ans, c’est-à-dire presque deux enfants sur dix, sont victimes de violences sexuelles. Finalement, 41% des jeunes filles en union et/ou mariage sont âgées de moins de 18 ans. Ces chiffres sont tirés des bases de données du FNUAP pour cette année 2019. En amont de ce séminaire, du mois d’avril au mois de mai, des communications et émissions radios seront diffusées, et des vidéos seront tournées dans la Grande île afin de collecter les témoignages et aspirations de la population malagasy sur les questions liées à la Santé et aux Droits sexuels et reproductifs. Les résultats tirés de ces initiatives seront très bientôt connus. Durant ces trois jours, environ 150 acteurs venant des 22 régions de Madagascar seront présents. On y retrouvera les expertises des organisations de la société civile, des étudiants, et des représentants du monde des médias. On espère aussi la participation du monde diplomatique et des représentants étatiques pour l’ouverture de l’évènement. Diverses thématiques seront abordées, touchant aux questions liées à la santé et aux droits sexuels et reproductifs. Les thèmes traditionnels seront sûrement abordés. Ainsi des sujets comme planning familial, puberté et menstruation, violences basées sur le genre et violences sexuelles, éducation à la sexualité. D’autres un peu plus « gênants » pour les hypocrites ne seront pas en reste. On entendra ainsi, durant ce séminaire, parler des mariages et grossesses précoces, de la traite de personnes à des fins de prostitution, d’avortement, d’homo­sexualité, ainsi que de la vie des sidéens. Au-delà du conformisme et des préjugés, osons parler de ce qui se passe réellement dans notre société. Un exemple de réflexion à mener est celui autour du mariage précoce des petites filles. Dans de nombreuses régions de Madagascar, pour ne pas dire dans toutes les régions, cette problématique est connue de tous. Pourtant, malgré un discours dans lequel tout le monde se dit indigné, les pratiques continuent de prospérer. De même, malgré les financements et les efforts de la société civile et de l’Etat, le fléau reste une pratique en 2019. Alors, on pose la question : et s’il faut regarder autre chose, parler d’autres réalités qui sont ignorées ? Dans le cas du mariage des petites filles, osons dire qu’il y a un sacré problème de pédophilie dans ce pays. Nous ne nions pas la responsabilité des parents, de la société, mais il faut maintenant bien pointer le coupable qui n’est autre que ces hommes qui ont des déviances sexuelles. Osons nommer un chat un chat ! La responsabilité masculine sur ce thème de la Santé et des droits sexuels et reproductifs doit, désormais, être mise en avant pour que les choses changent.
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