Santé de la reproduction - Les grossesses précoces en hausse


La santé et les droits sexuels et reproductifs sont des sujets tabous dans le noyau familial. Résultats : les chiffres sur le mariage et les grossesses précoces sont élevés. Regret. Solo, un chef de famille, culpabilise en raison de la grossesse précoce de sa fille. En l’an 2010, sa cadette tombe enceinte, à l’âge de 13 ans. «Je regrette de ne pas avoir pensé à la surveiller, à la conseiller. Nous ne lui avons jamais parlé de la sexualité, car nous avons considéré cela comme un sujet tabou entre parents et enfants. Cette grossesse aurait été évitée si nous en avions discuté», déplore ce quinquagénaire qui habite à Anatihazo I, hier. Depuis, la santé de la reproduction est abordée dans cette famille. « Nous avons parlé de la contraception et avons donné d’autres conseils nécessaires à nos filles. Et tous les parents doivent faire pareil. J’ai frappé mes deux filles pour que les messages soient bien ancrés en elles, sans en faire trop», enchaine ce grand-père. Mendrika, une adolescente de 17 ans et voisine de Solo, est mère d’un petit garçon de six mois. « J’ai fait exprès de tomber enceinte, car je ne voulais pas que mon copain me quitte. Ensemble depuis l’âge de 13 ans, on disait dans notre quartier que je suis stérile. Je voulais démentir ces rumeurs », témoigne-t-elle. Orpheline de mère, elle n’avait personne pour lui donner des conseils sur la santé de la reproduction et la sexualité. Mendrika ne conseille pas, toutefois, aux jeunes filles de se marier trop tôt. «Gérer un foyer n’est pas chose aisée », indique-t-elle. Préoccupant Les cas de mariages et de grossesse précoces sont nombreux dans les bas quartiers de la ville d’Antanana­rivo, selon l’association des jeunes Tanora Garan’Teen. Le rapport du Fonds des Nations-Unis sur la population (FNUAP) est préoccupant : selon les statistiques sorties cette année, 41% des filles en union et/ou mariées sont âgées de moins de 18 ans. L’âge marital est, pourtant, de 18 ans, selon les lois malgaches. Par ailleurs, enfanter trop jeune peut être mortel. Selon encore le FNUAP, un tiers des décès maternels sont dus à la grossesse précoce. La santé et les droits sexuels et reproductifs seront au centre de la discussion à la cinquième édition du séminaire annuel de la société civile, qui se tiendra au Paon d’or, les 20, 21 et 22 mai. À part les partages d’expériences et de bonnes pratiques pour la mise en place des messages de sensibilisation communs entre les différentes associations qui vont participer à ce séminaire, l’objectif principal de cette réunion est de dresser des stratégies pour lever ce grand tabou. Le Fonds Commun Multi-Bailleurs d’appui à la société civile, comme l’Union Européenne, la coopération Allemande, la coopération Monégasque et l’ambassade de France appuie cette édition de 2019.  
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