Mahajanga à feu et à sang


Le roi Andrian-tsoly de Boeny, frustré par le général Ramane-taka, gouverneur merina de Mahajanga, réunit ses fidèles chefs, Mari ben Roussi et Raivaka, et leur rappelle les outrages et vexations dont il a à subir. Il se concerte avec eux sur les moyens à employer pour secouer un joug aussi intolérable. « Ils convinrent que, tout en feignant la plus absolue soumission, on préparerait un soulèvement général et qu’au moment que l’on jugerait convenable, on réunirait assez de monde pour s’emparer d’abord d’Anfihaonana (où se trouve un poste merina) puis pour marcher sur Majunga dont la garnison se trouvait alors fort réduite par suite des fièvres » (Jean Valette, archiviste-paléographe). Alors qu’ils se préparent à cette insurrection, les envoyés de Ramitraho, une trentaine d’hommes, arrivent et se joignent à Andriantsoly pour mettre son plan à exécution. Le 1er mars 1825, tous se ruent sur le poste d’Anfihaonana ; garnison qui, surprise, n’oppose aucune résistance. Son commandant, Manjaka-tompo, et ses hommes sont massacrés par les Sakalava. Informé, Ramanetaka envoie aussitôt un fort contingent pour faire l’état des lieux et porter secours, s’il en est encore temps, au poste merina. Parallè-lement, il dépêche un courrier à Antananarivo pour mettre au courant Radama de la situation. Quant à lui, il fait exécuter en toute hâte des travaux pour renforcer la défense du camp de Mahajanga. Celui-ci est situé au sommet de la colline de Saribengo, là où se trouve l’actuel Rova. Il est constitué d’un ensemble de cases en « falafa », entouré d’une palissade en bambous dans laquelle deux ouvertures sont aménagées, l’une tournée vers le village, l’autre à son opposé. Ramanetaka ne dispose que de cinq cents à six cents hommes- dont une partie affaiblie par les fièvres et autres maladies- pour assurer la défense de sa position, mais ne se décourage pas. Il fait renforcer le rempart et place une pièce d’artillerie à chacun des deux portails. De son côté, Andrian-tsoly rameute tous les Sakalava d’Anfihaonana et ses environs et fort d’environ 500 hommes, marche vers Mahajanga. À mesure qu’il avance, des groupes nombreux agrandissent ses rangs. Sa colonne se trouve bientôt doublée, mais ses mouvements sont lents et indécis, retardés par les troupes de renfort envoyées par Ramanetaka. Les Sakalava n’arrivent devant Mahajanga que le 9 mars, divisés en quatre corps. Ces derniers doivent simultanément attaquer le camp merina : le premier dirigé par Mari ben Roussi au nord ; le second par Raivaka et Fianhouna à l’est ; le troisième par Anangha et Andakafotsy à l’ouest ; et le quatrième par deux Antalaotra, Tsimba et Moussa, se porte au sud. Le 10 mars, l’attaque commence sur les quatre points. Les Merina, sachant qu’il ne leur serait fait aucun quartier s’ils sont vaincus, opposent une résistance farouche. « Bien abrités derrière leurs retranchements, ils reçurent l’ennemi avec une fusillade si vive que l’ardeur de l’attaque en fut ralentie. Bientôt, la mort d’un des chefs du corps de l’est, mit le désordre parmi ses troupes et elles ne tardèrent pas à lâcher pied. Enhardis par ce succès, les Merina redoublent leurs efforts sur les autres points. » Ramanetaka fait alors une sortie à la tête de quelques hommes et par une vigoureuse attaque sur le flanc nord, il force l’ennemi à la retraite. Le plus grand nombre des fuyards se dirige vers Ambondro où Andriantsoly attend le résultat des opérations. D’autres se replient vers le village de Mahajanga et là, retranchés dans les maisons continuent à tirailler sur les Merina. Pour ne pas perdre des soldats en essayant de les déloger, Ramanetaka y fait mettre le feu et Mahajanga est en un instant la proie des flammes. Arrivés à Ambondro, les fuyards y répandent la terreur et les villages environnants sont aussitôt évacués par leurs habitants qui craignent les représailles des Merina. Et malgré les efforts de quelques chefs qui essaient de rallier leurs hommes, la déroute est complète.
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