Élections - Pression sur les responsables décentralisés


La CENI croule sous les plaintes sur les mauvais agissements de responsables locaux. Une situation dont les causes seraient des pressions qu’ils subissent. Pression intense. Les responsables décentralisés en seraient victimes en cette période préélectorale confie Thierry Rako­tonarivo, vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Plusieurs plaintes faisant état d’actes et agissements suspects, d’inégalité de traitement, ou encore, de prise de partie des autorités décentralisées. Les représentants de l’État, mais aussi, les membres des démembrements de la CENI jusqu’au niveau des fokontany seraient mis en cause. Selon les explications du commissaire électoral, « les fortes pressions », qu’ils subissent amèneraient ces responsables locaux à agir de manière partiale. Cette situation aurait prévalu dès la confection de la liste électorale. « Nous avons constaté que dans certaines localités, le nombre d’électeurs a augmenté jusqu’à 100%. Après vérification et recoupement sur place, il s’avère que des données n’étaient pas avérées », affirme le vice-président de la CENI. Ce qui expliquerait le nombre élevé de retranchement fait par la Commission électorale avant l’arrêtage du nombre d’électeurs qui pourront voter aux législatives. Politiques et financières Outre la liste, les pressions concerneraient, également, la composition des membres de bureau de vote. Il y aurait des individus qui insisteraient pour que « leurs hommes », figurent dans l’effectif. « La CENI a déjà décidé que les membres des bureaux de vote durant la présidentielle rempileront pour les législatives, sauf en cas de faute grave avérée », soutient, toutefois, Thierry Rakotonarivo. Alors que la précampagne bat son plein, une partialité des responsables locaux avait été constatée sur l’octroi d’autorisation de tenir des meetings. Dans les plaintes faites à la CENI, certains candidats auraient dénoncé qu’ils ont des difficultés à obtenir des autorisations pour organiser des meetings, alors que d’autres ont systématiquement le feu vert des autorités locales. D’après les informations venant de l’entité chargée de l’organisation des élections, contrairement à ce que pourraient penser d’emblée les observateurs, il ne s’agirait pas uniquement de pression politique. Les pressions financières seraient, également, nombreuses. Partisans du pouvoir, opposants et même des indépendants, chaque camp userait des moyens à sa disposition pour faire pression sur les autorités étatiques et électorales locales. Certains s’adonneraient à la corruption. « Qu’importe les pressions, les autorités administratives doivent s’en tenir à la neutralité. C’est la loi qui l’impose », souligne, cependant, le commissaire électoral Rakotonarivo. Bien qu’il y ait des pressions, des responsables locaux, de leur plein gré, afficheraient leur sympathie politique. « Pour les membres des démembrements de la CENI, nous avons remplacé ceux qui sont défaillants, ou ayant fait preuve de partialité. Une vingtaine de personnes ont été remplacées », affirme Thierry Rakotonarivo. S’agissant des autorités administration, la CENI ne peut que formuler des interpellations auprès du gouvernement, ajoute- le commissaire électoral. Le vice-président de la Commis­sion électorale se réjouit, néanmoins, du fait que des candidats et électeurs commencent à être nombreux à dénoncer des faits illégaux qu’ils constatent. Seulement, « la plupart des plaintes ne sont pas accompagnées de preuves, ne permettant pas ainsi d’engager des actions judiciaires », regrette-t-il. Les sanctions prises par la CENI contre les membres de ses démembrements découleraient d’investigation interne. C’est à la Haute cour constitutionnelle (HCC), de prononcer les sanctions judiciaires contre les illégalités en matière électorale. Thierry Rakoto­narivo encourage donc, les ayants droit à porter plainte devant la HCC le cas échéant. La CENI, selon ses explications, peut aussi, engager pareille démarche devant la Cour d’Ambo­hidahy, mais, « il nous faut des preuves ». « Il est plus que temps que les sanctions prévues par les lois électorales soient appliquées contre les contrevenants. À moins qu’il y ait des exemples dissuasives », ajoute le vice-président de la CENI. Seulement, prouver des pressions politiques, ou acte de corruption, n’est pas chose aisée.
Plus récente Plus ancienne