Après l'incident de Vohipeno - Rajaonarimampianina recadre l’événement


Après l’incident de Vohipeno à l’occasion de la cérémonie de béatification de Ramose Lucien Botovasoa, le Président Hery Rajaonarimampianina recadre cet événement organisé par le Vatican. L’Express de Madagascar: Le protocole a voulu qu’aucune autorité ne prenne la parole à la cérémonie de béatification de Ramose Lucien Botovasoa, y compris votre Excellence monsieur le Président . Est-ce normal ? Hery Rajaonarimam­pianina : Vous avez bien fait de le soulever puisque c’est bien plus grave qu’un banal incident. La nomination de Ramose Lucien Botovasoa parmi les bienheureux est un décret pontifical. L’évé­nement a été donc organisé par le Vatican qui est d’abord un État avec lequel Madagascar entretient des relations diplomatiques. C’était donc essentiellement un événement d’État avant d’être celui des catholiques. Je tiens à souligner qu’il faut bien distinguer l’État du Vatican et les catholiques. J’étais donc venu en tant que Chef d’État, Président de tous les Malgaches quelle que soit leur confession, puisque j’estime que c’était une affaire d’Etat étant donné qu’on ne peut pas dissocier le parcours de Ramose Lucien Botovasoa décapité en 1947, de l’histoire de notre pays. J’estime donc en toute modestie que le Président aurait dû avoir droit à la parole ne serait-ce que pour remercier le Vatican au nom du peuple malgache, d’avoir béatifié Ramose Lucien Botovasoa, même si le protocole avait disposé autrement. L’incident a été extrapolé par les politiciens. Les organisateurs ne voulaient certainement pas donner une connotation politique à l’événement malgré la présence de plusieurs acteurs politiques. Est-ce votre avis ? Je le répète, j’étais venu en tant que Chef d’État et non en simple invité encore moins en tant que candidat à l’élection présidentielle contrairement à certaines personnalités qui étaient là et qui ont profité de la cérémonie pour faire une campagne de communication intense. Je ne vois donc pas pourquoi un discours du Président aurait forcément donné une allure politique à l’événement. Est-ce que cet incident pourrait ternir les relations de Madagascar avec le Vatican et votre relation avec la communauté catholique ? Je me suis comporté en raiamandreny en ne faisant pas un drame de cet incident. Seulement il faut éclairer la lanterne de l’opinion devant les interprétations faites autour de ce faux pas. L’État entretient de très bonnes relations avec les églises y compris les catholiques. A preuve, l’année dernière nous avons célébré les 50 ans de coopération avec le Vatican. Je crois que les uns et les au­tres sauront tirer les leçons de cet incident à l’avenir. Justement les catholiques ont la bougeotte actuellement. Après Vohipeno, il y a en ce moment une réunion à Fianarantsoa à laquelle participent plusieurs acteurs politiques . Y voyez-vous une action séditieuse étant donné que l’église a toujours été derrière les mouvements populaires en Afrique dans les années 90? Je crois que les choses ont changé. Il ne faut pas oublier que l’église est aussi un grand acteur de la vie nationale. C’est dans ce sens que les catholiques organisent des réunions pour tenter de trouver des solutions aux problèmes mais je ne crois pas que leur intention soit séditieuse. C’est plutôt les politiciens qui veulent se servir de l’église, les catholiques et les autres, pour parvenir à leurs fins. Ce ne sont pas les catholiques qui font de la politique, ce sont plutôt les politiciens qui se cachent derrière les catholiques. N’empêche, monsieur le President, les résolutions de la Conférence des Évêques sont souvent virulentes à l’endroit de l’État et de la gouvernance. Est-ce que vous tenez compte de ces remarques et est-ce qu’elles sont laissées lettre morte? Bien sûr qu’on tient compte de ces remarques et recommandations sur la corruption, l’insécurité, le kidnapping et bien d’autres sujets. D’ailleurs les deux tiers des membres du gouvernement ont des relations étroites avec la conférence des évêques. C’est pour dire qu’il existe une forme de coopération. C’est ainsi par exemple que l’État a cherché tous les moyens pour limiter les impacts de la hausse du prix du baril. C’est également le cas pour la Jirama que l’Etat a subventionné à hauteur de 200 mil­liards d’ariary cette année ainsi que le transport en commun. Pourquoi justement le tarif a augmenté avec une telle subvention. La hausse est presque de 100% alors que la Jirama avait promis une majoration de 8,5% pour les petits abonnés ? C’est vrai qu’il y a eu de très désagréables surprises pour les abonnés. La hausse effectivement aurait dû être de 8,5% mais d’autres paramètres interviennent comme l’irrégularité des relevés causant un cumul de consommation, l’irrégularité du nombre de jours de consommation.... En tout cas avec le projet Pagose, des compteurs intelligents seront mis en service pour régler tous ces problèmes. À distance, on pourrait connaître la consommation des abonnés. Pour en revenir à cette effervescence politique, craignez vous des troubles monsieur le Président ? Mon message est clair à ce sujet. Qu’est-ce que les troubles successifs ont apporté au pays ? On a mis quarante ans pour reconstruire l’hôtel de ville, est-ce que le pays mérite encore de connaître de nouvelles crises ? L’alter­nance au pouvoir doit se faire de manière démocratique à travers une élection. Tout autre recours n’a aucune chance de salut au niveau international. Les politiciens le savent. Je ne cesserai de prôner l’apaisement et le respect des règles démocratiques. Propos recueillis par La Rédaction
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