Prévention - Madagascar en confinement

Pour éviter une invasion du Covid 19, Madagascar se barricade. Le conseil des ministres renforce le degré de prévention et suspend tous les vols internationaux et régionaux desservant la Grande île. Immuniser le pays. Pour l’État, l’équation est simple, tout mettre en œuvre afin d’éviter que le coronavirus ne fasse une incursion sur le territoire malgache. En ouverture d’un second conseil des ministres spécial sur ce thème, Andry Rajoelina, président de la République, a durci les mesures de prévention qu’il a annoncées, samedi. À partir du 20 mars, « tous les vols internationaux et régionaux desservant Madagascar seront suspendus », déclare le chef de l’État. Selon ses dires, cette nouvelle mesure sera effective durant « trente jours ». Cependant, elle ne s’applique pas aux avions cargos transportant des marchandises. Après l’Europe, le ciel malgache se ferme donc sur le reste du monde. Telle est la réponse des autorités à la propagation rapide de la maladie. « Il s’agit d’éviter son entrée à Madagascar », souligne le président Rajoelina. Il reconnait que 72 heures après sa déclaration à la nation, samedi, la situation s’est sensiblement aggravée. Quatorze pays africains ont été touchés par le mal au moment de l’allocution présidentielle. Les dernières statistiques indiquent qu’ils sont au nombre de vingt-huit. Les voisins de Madagascar que sont La Réunion, Mayotte et les Seychelles sont tous contaminés.

Terreau idéal

Par bonheur, la Grande île a su garder ses frontières étanches au coronavirus, jusqu’ici. En l’état actuel des choses, se barricader semble être le seul moyen de défense à la portée du pays. Une seule contamination non maîtrisée risque de devenir rapidement une bombe épidémiologique. Au-delà des limites du système sanitaire, le mode de vie à Madagascar est un terreau idéal pour une épidémie de cet acabit. Au quotidien, la grande majorité des Malgaches vit dans la promiscuité. Un grand nombre font fi ou ne connaissent pas les règles basiques d’hygiène corporelle. Respecter ou faire respecter la distance d’un mètre entre les individus pour éviter une contamination, par exemple, est pratiquement impossible pour le citoyen lambda. Il suffit d’un trajet coller-serrer dans les « Taxibe », pour s’exposer à tous les dangers sanitaires. L’indiscipline qui règne dans le pays, par ailleurs, n’arrange pas les choses. Alors que l’État impose, par exemple, un confinement individuel à tous les voyageurs arrivés au pays, depuis mercredi, certains bravent cette mesure. Un comportement au mépris de l’intérêt public et du danger potentiel pour la santé publique. Le président de la République, lui, en appelle à une prise de responsabilité et une prise de conscience nationale face à la situation. Le confinement individuel des voyageurs rentrés récemment a été réaffirmé en conseil des ministres, hier. Le chef de l’État annonce, par ailleurs, l’importation de kits permettant de tester une contamination ou non au Covid 19, en vingt minutes. Ils devront arriver au pays en fin de semaine. Tous les voyageurs rentrés au pays depuis mercredi, jusqu’à jeudi, seront ainsi, impérativement testés. « Nous avons leurs coordonnées », souligne le président Rajoelina.