Le peintre Jocelyn Rajaomahefarison meurt presque oublié


Une plume s’envole vers l’au-delà. Au profit de son crayon et de ses goûts pour la peinture, Jocelyn Ramahefarison s’est abstenu d’exercer une profession. Décédé à l’âge de 60 ans, des suites d’un état de santé affaibli, Jocelyn Rajaoma­hefarison a transmis son talent de peintre-dessinateur à ses enfants. A ses débuts, il a marqué l’âge d’or de la bande dessinée malgache, avec son style se rapprochant des dessinateurs belges, alors qu’il n’était à l’époque connu que pour ses peintures et ses dessins. Dans les années 90, des planches retraçant des histoires imaginées par lui-même sont sorties en ouvrage tous les mois, et ce, jusqu’à l’an 1995 où la crise économique a impacté le milieu des arts. Jocelyn Rajao­mahefarison a publié ses œuvres dans plusieurs maisons d’édition de la capitale. Une fiction titrée « Koditra » ou horreur, publiée sous un format de petit BD, figure parmi ses œuvres. Un livre de bande dessinée à plusieurs épisodes appelé « Be&De », évoquant le vol d’ossements, lequel est un fait récurrent jusqu’à présent, est signé de la main de cet artist. Présents à ses funérailles, ses amis bédéistes et dessinateurs se souviennent de la vie du défunt, entièrement consacrée au dessin et à la peinture. En collaboration avec le dessinateur de presse Elisé Ranarivelo, l’ouvrage préfacé par le Président de la République de l’époque Albert Zafy, racontant en détails la grande marche vers Iavoloha le 10 août 1991, est une œuvre phare contenant la signature de Jocelyn Rajaomahefarison. Il s’agit du livre « Atambo », encore disponible à la lecture dans les grandes bibliothèques de la capitale et vestige d’un fait marquant et significatif dans l’histoire politique de la Grande île. Si des histoires macabres sont relatées dans les épisodes successifs des œuvres de bande dessinée de Jocelyn Rajaomahefarison, ses tableaux en couleurs et en noir et blanc, exposent les scènes de vie en milieu urbain comme en milieu rural. Originaire de Mandivato où il sera enterré, près du village aurifère de Soamahamanina dans la région Itasy, le peintre a su imposer le réalisme à sa façon, dans ses œuvres. Personnalité discrète mais référence pour ses contemporains, le peintre-dessinateur et bédéiste a encore eu plusieurs projets en vue pour le domaine du troisième et du neuvième art. « Nous nous sommes connus à l’occasion d’une rencontre dans une maison d’édition dans le quartier d’Andravoahangy alors que chacun de nous recherchait au même moment un éditeur pouvant publier nos œuvres. Cette rencontre est devenue le début d’une histoire interminable car beaucoup d’œuvres sont signées de nous deux. Trois de ses tableaux sont même visibles chez moi. Jocelyn Rajao­­mahefarison s’est excellé dans la mise en scène du quotidien de la société malgache dans ses peintures. Il était une personne sociable mais moins médiatique et justement c’était à travers la signature dans ses œuvres que son nom était connu du public.  
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