Analanandriana, un village à habitat solide


Parmi les villages fortifiés du Vonizongo, figure Analanandriana, un site isolé comme tant d’autres (lire précédente note). Ancien, il l’est par ses défenses très complètes et par l’originalité de son habitat, précise A. Mille, archéologue (Bulletin de Madagascar, décembre 1969). Le village est situé à 7 km à l’est d’Ankazobe, sur une falaise rocheuse prolongeant le Tsiafabalala. D’après un informateur local, il se serait édifié avant l’époque d’Andrianam­poinimerina. « Ce fut sans contexte un très grand village. » Les dimensions extérieures sont de 480m du nord au sud, le long de la falaise, et de 340m d’est en ouest. L’intérieur est également vaste : 320m x 290m. Quant à l’altitude du site construit sur une pente de 25%, elle varie de 1 480m à 1 550m. Analanandriana, adossé à l’ouest à la corniche rocheuse, est cerné sur les autres façades par deux fossés en demi-cercle. « Le fossé intérieur, large de 9m et profond de 5m, était doublé par un rempart de terre et de pierres, qui dépasse encore 2,50m en divers endroits. » Les entrées du village se situent au nord et au sud et sur ces côtés, le rempart se referme sur quatre rangées de murs formant trois réduits intérieurs. « Ces réduits font suite à l’entrée, ainsi constituée par des passages disposés en chicane large ; le premier passage, près du fossé, semble être le seul muni d’une poterne et d’un disque de pierre. » Décrivant les murs, l’archéologue admire la technique de leur construction et déclare que, par endroits, ce sont des pans de trois à cinq mètres de long. Ils sont disposés en ligne brisée, élevés séparément de façon à s’épauler en donnant une plus grande solidité à l’ensemble. Près de l’entrée nord, la hauteur des murs intérieurs atteint 2,50m. L’assise, épaisse d’environ un mètre, est constituée de blocs cyclopéens, tandis que la partie supérieure est faite de pierres plates liées avec de la boue séchée encore en place. Le faîte du mur, à peine large de 0,30m, « témoigne de la solidité de cette technique de construction ; dans ce village, on a construit plus de 700m de murs intérieurs. » Poursuivant sa description, A. Mille indique que l’intérieur du village comprend cinq zones principales d’habitat, isolées par des fossés circulaires. Chaque fossé délimite cinq à sept rangées de terrasses qui abritent les anciennes habitations, dont on ne retrouve que quelques silos à riz. En contrebas du village, dans un creux de la falaise, une source vive coule encore au moment de sa descente sur place. « Elle a dû servir, entre autres, à des cultures dont on voit les étagements tout autour.» L’archéologue signale aussi un habitat plus récent, édifié en terre foulée. Il s’inscrit au nord et à l’est de l’ancien habitat, à l’extérieur des petits fossés circulaires. Cette disposition originale, en secteurs bien délimités, mais dont l’ensemble demeure à l’abri de défenses communes, donne l’impression d’une vie fortement communautaire, conclut l’archéologue. Cependant, cette vie communautaire est partagée par des groupuscules différents, recensant chacun de cinquante à cent membres. Et de poser une question : s’agit-il de grandes familles ou d’éléments d’origine disparate, réunis par une condition de fait commune ? « La réponse à cette question éclairerait probablement l’histoire de plus d’une région frontalière de l’Imerina ancien. »
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