Mon précieau


Aujourd’hui, l’affirmation de Thalès a une résonnance particulière due à une désespérante situation qui réunit les conditions favorables à la formation d’échos. Ainsi s’agite, dans les esprits et avec plus de magnitude la phrase qui résume la physique de Thalès: « L’eau est le principe de toutes choses», une citation simple mais qui trotte dans toutes les têtes sous forme de différentes variantes pour celles qui ne connaissent de Thalès de Millet que son célèbre théorème. La crise de l’approvisionnement en eau que traverse Antananarivo a dévoilé, pour tous les yeux, l’importance capitale de l’or bleu qui brille de l’éclat et de la brillance propres aux biens précieux et rares. Cette rareté de l’eau se traduit par sa désertion complète dans certains quartiers alors que dans d’autres, elle donne encore des signes de son existence par de simples manifestations sporadiques aux airs timides d’une apparition nocturne spectrale, un fantôme qui ne se montre qu’aux insomniaques et aux courageux qui parviennent à braver l’emprise de Morphée plus tenace et plus intense la nuit, l’intervalle la moins agitée de la journée qui est le terrain favori de la fatigue qui atteint son paroxysme durant ces heures sombres et insonores durant lesquelles la ville dort. Nous sommes, semble-t-il, arrivés au bout du chemin de croix qu’on emprunte à chaque période d’étiage : nous avons atteint le Calvaire. « L'eau n'est pas nécessaire à la vie, elle est la vie » disait Antoine de Saint Exupéry. Une simple formule consacrée mais dont l’ampleur de la véracité s’étend jusqu’à il y a plus de 4 milliards d’années quand les premiers micro-organismes (la vie) sont apparus dans l’eau des océans. Et la vie est ébranlée par ce manque important en eau, l’élément vital. Une pénurie dont on subit les amers impacts qui atteignent le sanitaire, dans un contexte de grandes sensibilisations au lavement fréquent des mains, mais qui percute aussi l’hygiène, ... C’est dans cette situation de guerre contre la sécheresse qui est en train de faire subir la misère à nos cours d’eau que la tentation d’une alliance contre-nature se présente. Les ennemis d’hie r, les phénomènes naturels océaniques qui, dans l’Odyssée (Homère), ont perturbé le voyage d’Ulysse qui a erré pendant dix ans sur la mer à cause de la colère de Poséidon, peuvent devenir des alliés de circonstance. D’un cyclone pourrait tomber la manne liquide tant demandée : notre précieau.
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