Statistiques - Mettre des chiffres sur la pauvreté


Coup d’envoi de l’Enquête pauvreté à Madagascar, hier. Cent-vingt agents vont sillonner les vingt-deux régions pour dresser un topo de la pauvreté dans le pays. Naviguer à vue. Madagascar a toujours affiché un retard en matière de statistiques. Si la tenue tardive du troisième Recensement général de la population et de l’habitation en est une illustration, le coup d’envoi de l’Enquête pauvreté à Madagascar (EPM) le confirme. L’EPM est, en effet, censée être réalisée dans un intervalle de deux à trois ans, seulement la dernière édition date de 2012. La représentante résidente de la Banque mondiale Marie-Chantal, Uwanyiligira a insisté sur l’importance des statistiques dans la conduite des politiques de développement. « Vous ne pouvez pas gérer ce que vous ne pouvez pas mesurer, sinon vous allez naviguer à vue », a-t-elle indiqué. « De 2012 à nos jours, nous pouvons percevoir l’évolution de la pauvreté mais il est important de mettre des chiffres là-dessus », a renchéri, pour sa part, le ministre de l’Économie et des finances Richard Randriamandrato. C’est dans ce sens que la Banque mondiale a financé, à hauteur de deux millions de dollars, l’EPM 2020. Le principal objectif de l’enquête est de mesurer le taux de pauvreté dans le pays. Cent-vingt agents, formés pendant un an, ont été répartis en une trentaine de groupes qui vont sillonner les vingt-deux régions pendant un an. L’EPM fournira également des informations détaillées sur les différentes dimensions du quotidien des ménages malgaches, afin de déterminer, entre autres, un profil de pau-vreté. Outil de développement D’après les explications d’un expert de la Banque, le questionnaire brasse plusieurs modules dont le logement, les dépenses de santé, et l’éducation. « Les enquêteurs doivent rester dans leur lieu d’affectation pendant un an, car les données évoluent selon les saisons », souligne-t-il. Les résultats finaux de l’EPM sont prévus en juin 2021. Toutefois, Richard Randriamandrato a déclaré que des remontées d’informations seraient effectuées au fur et à mesure pour aider le gouvernement dans la mise en œuvre de son programme. La prochaine EPM est prévue en 2023. Les analyses des informations sur la pauvreté dans le temps servent à suivre les évolutions de l’incidence de la pauvreté, et permettent d’évaluer les résultats des programmes de réduction de la pauvreté. L’évaluation de la pauvreté peut également contribuer à en expliquer les causes éventuelles. En marge du coup d’envoi de l’enquête, le directeur général de l’Instat Zefania Romalahy a attiré l’attention sur le coût de l’opération. « Le budget annuel de l’Instat ne permettrait même pas de mener une enquête pour un indicateur », a-t-il déclaré, le budget de l’institut se chiffrant à 1.2 milliards d’ariary en 2019. Il a indiqué que les activités d’enquête de l’Instat dépendaient essentiellement des bailleurs de fonds. Les statistiques constituent, cependant, un outil de développement indispensable.
Plus récente Plus ancienne