L’évolution politique vers la Loi-cadre


Après la Deuxième guerre mondiale suivie des évènements de 1947, la vie politique ne commence à reprendre que vers 1953 (lire précédentes Notes). À l’Assemblée nationale, de 1951 à 1956, le député du premier collège, Roger Duveau, réclame l’égalité entre Français et Malgaches. « En 1954, il devient secrétaire d’État à l’Outre-mer sous Pierre Mendès-France, président du Conseil et les premières amnisties interviennent » (« Histoire de Madagascar », destiné aux lycéens des classes Terminales, 1968). En parallèle, la conception d’un État malgache constitué dans le cadre de l’Union française, c’est-à-dire « la solution fédérale », progresse dans les milieux européens de la Grande ile. « Pourtant, cette solution, en contradiction avec la Constitution de 1946, apparait encore bien lointaine ! » L’arrivée à Antananarivo du nouveau haut-commissaire, André Soucadaux, en octobre 1954, coïncide avec la mise en route du plan quadriennal. « Passionné par la culture du coton », le nouveau chef du gouvernement du Territoire donne une nouvelle impulsion aux travaux d’études et de mise en œuvre des possibilités du Bas-Mangoky. La conquête rizicole de l’Alaotra, le développement des sisaleraies du Mandrare qui ralentit la migration des Antandroy, correspondent au souci de développer la production. Mais surtout, en continuant l’œuvre de son prédécesseur, André Soucadaux poursuit la réorganisation de la vie rurale. Les CRAM, collectivités ou coopératives rurales agricoles, une vingtaine en 1955, se développent mieux sur les Hautes terres où elles reposent sur l’ancienne organisation des Fokonolona. À propos de l’évolution de la vie politique, le ralliement des Malgaches se produit à partir de 1953, grâce à l’action d’un enseignant, Philibert Tsiranana. Né dans le district de Mandritsara, à Ambarikorano vers 1912, ce fils de paysan obtient à 20 ans son diplôme d’instituteur officiel à Antananarivo. Après douze années d’enseignement, reçu au concours du cadre des professeurs assistants, il part pour la France en 1945, afin d’achever ses études. En 1949, il rentre au pays et devient professeur de l’Enseignement technique. « Resté proche de son pays où il enseigne, il jouit de la confiance de tous. » En mars 1952, il devient conseiller provincial de Mahajanga et va représenter cette province à l’Assemblée représentative. « Son expérience de terrien, sa carrière, sa connaissance de la France, son activité, lui confèrent un grand ascendant sur ses concitoyens. » En 1956, il fonde le Parti social démocrate dont il devient secrétaire général. Sa modération et son bon sens le placent très vite au centre de ce « courant d’idées réaliste fait de nationalisme et de prudence toute paysanne ». La même année, le 2 janvier, il est élu député de Madagascar de la troisième circonscription (côte Ouest) de la Grande ile. Au cours de ces élections législatives, le collège malgache de la deuxième circonscription (côte Est) choisit Roger Duveau pour le représenter. « Amnistie, réforme, suffrage universel, indépendance » sont les lignes de force sur lesquelles ce deuxième collège discute au cours de la campagne électorale. Au même moment en France, les élections législatives de 1956 donnent aux partis de gauche une position plus forte. Dans le gouvernement Guy Mollet, Gaston Defferre, socialiste comme le nouveau chef du gouvernement, devient ministre de la France d’Outre-mer. En juin 1956, l’Assemblée vote la « loi-cadre» élaborée par Gaston Defferre qui transforme l’organisation politique interne des territoires d’Outre-mer. Ainsi, à Madagascar, la loi-cadre met en place « un nouvel édifice organisé sur la division provinciale ». Le suffrage universel est alors proclamé. Les assemblées seront désormais élues par tous les citoyens, réunis en un collège unique. Et les femmes votent aussi. Une sixième province étant créée- celle du Nord, de Diego-Suarez-, six Assemblées provinciales traitent les questions à l’échelon provincial. Une Assemblée législative, émanation de toutes les régions, siège à Antananarivo. Consultative elle n’a en principe aucune attribution politique précise, mais exerce des « prérogatives administratives ». Huit ministres, élus par l’Assemblée législative, forment le Conseil de gouvernement de Madagascar. Ils désignent leur vice-président. Le haut-commissaire est président de droit de ce conseil.
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