Tanà-Masoandro - Un projet révolutionnaire


Le projet Tanà-Masoandro fait partie des Velirano du président de la République. Il doit résoudre beaucoup de problèmes gangrénant Antananarivo et améliorer les conditions de vie de la population. Depuis plus de qua­rante ans, on parle du projet Grand Tana sans qu’on voie l’esquisse d’un projet. Il a fallu attendre la candidature de Andry Rajoelina pour voir enfin du concret. Et en mieux étant donné que c’est une véritable ville nouvelle qu’il propose au lieu d’un rafistolage à la va vite. Il en fait un de ses velirano. Pour avoir été maire de Tana, Rajoelina connaît mieux que quiconque les problèmes de la capitale. Il sait très bien qu’il est impossible de transformer la capitale dans sa configuration actuelle. Il n’y a plus d’espace disponible pour construire de nouvelles infrastructures, pour agrandir les rues, pour loger tous les habitants... « Tanà-Masoandro est un projet salutaire. Il faut le concrétiser car Tana est devenue invivable en termes de confort, d’hygiène, de sécurité», commente Jean Louis, un habitant d’un quartier huppé de la ville. De deux choses l’une, soit on rase toute la ville, soit on construit ailleurs. La première option est impossible à réaliser étant donné que les autorités ont toutes les peines du monde à démolir des constructions illicites. La plupart des pays africains, qui ont en commun les mêmes problèmes que nous, choisissent de bâtir ailleurs comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire... il y a quarante ans. Quitte à remblayer comme on a fait à l’époque à Betsimitatatra pour créer Ampefiloha et 67 hectares entre autres. Ambohitrimanjaka et Ambohidrapeto ont été choisis pour être le site de Tanà-Masoandro. Tout simplement parce qu’on ne va pas sauver la capitale en allant à 1 000 km plus loin. Bien sûr, on ne fait pas une omelette sans casser des œufs. Des contestations sont apparues qui pour protéger les rizières, qui pour défendre un soi-disant patrimoine. Au prix fort Pourtant, c’est une aubaine pour les riziculteurs. Au By-bass, les propriétaires de rizières avaient râlé lorsque les remblais étaient interdits par le pouvoir de transition alors que des acquéreurs étaient prêts à payer au prix fort le mètre carré. Depuis que l’interdiction a été levée par le précédent régime, presque la totalité des rizières ont disparu. C’est pareil entre Anosizato et Fenoarivo sans que personne ne conteste. Les propriétaires ont reçu un pactole tel que la culture de riz n’aurait jamais pu leur rapporter en un siècle. Quant aux arguments du président de l’association des Andriana défendant un prétendu patrimoine, il y a peut-être mieux à défendre à Ambohitrimanjaka que les rizières dans ce combat d’arrière-garde. L’immobilisme a carrément tétanisé les anciens patrimoines royaux. Les politiciens s’en mêlent également pour condamner le projet et mettre du bâton dans les roues. La politique n’a rien à voir dans ce projet. « Tanà-Masoandro devrait faire l’unanimité si les politiciens étaient animés du même patriotisme. C’est un projet qui vise avant tout l’intérêt général », précise un membre d’un parti politique. Hélas, des politiciens en font leur arme favorite pour semer le trouble et déstabiliser le pays. Comme par hasard, un parti de l’opposition est le plus actif. En chiffres, Tanà-Masoandro c’est une ville de 300 000 habitants dont 100 000 résidents, des infrastructures scolaires, sanitaires et sportives, des éta­blis­sements banquiers et hôteliers, des bureaux administratifs, 42% du PIB produits par la ville d’An­tana­narivo soit 4,64 milliards de dollars selon les statistiques de 2018. Sans oublier bien évidemment les routes et les voies de communication. C’est un projet ambitieux certes mais c’est peut être l’ultime opportunité pour Antananarivo de ne pas rater le train du développement. Un projet qui s’inscrit dans les objectifs de Andry Rajoelina de redonner à la capitale ses lettres de noblesse. Après la restauration de l’hôtel de ville et de Manjaka­miadana l’année prochaine, Tanà-Masoandro viendra étoffer la panoplie. Un projet qui va s’étaler sur plusieurs années avec ce que cela suppose de création d’emplois directs et indirects. « Eh oui , Antananarivo ne se fera pas en un jour tout comme Paris, Shanghai, Rome et toutes les grandes villes du monde qui sont passées par des expropriations pour avoir l’allure qu’elles ont aujourd’hui. » remarque un éminent urbaniste sous anonymat.
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