Revendications syndicales et insuffisance - Tirs à boulets rouges sur le ministre des Finances


Pour apaiser les revendications syndicales et la grogne de l’opinion sur certaines insuffisances, certains orientent les revendicateurs vers le Grand argentier de l’État. Le ministre indique que l’État ne peut pas dépenser ce qu’il n’a pas. Bouc émissaire. C’est la casquette que souhaitent visiblement faire porter certains responsables à François Gervais Rakotoa­rimanana, ministre des Finances et du budget. Pour se délester de la pression des revendications syndicales, ou encore de celle de l’opinion publique face à des problèmes comme le délestage, certains responsables refilent la patate chaude au ministère des Finances. Dans les interventions, le Grand argentier de l’État est souvent nommément pointé du doigt. « L’on nous a expliqué que le principal blocage était du côté du ministère des Finances. Seulement, le ministère de l’Éducation est le premier concerné par l’enseignement, c’est pour cela que nous nous adressons à lui d’abord », avait lancé aux journalistes, un leader de la grève des enseignants, il y a quelques jours. Le syndicat des enseignants, depuis quelques semaines, engage un bras de fer acharné avec l’État pour une majoration de plusieurs indemnités comme l’indemnité forfaitaire d’enseignement, ou encore celles  d’ensei­gnement, de correction et de préparation, ainsi que l’allocation familiale. Une augmentation à hauteur de 100 mille ariary pour chaque type d’indemnité. Soutien Pour sortir des cordes et s’extirper de l’encaissement des grévistes, un directeur auprès du ministère de l’Édu­cation nationale a effectivement orienté les canons des revendicateurs vers l’entité en charge de la gestion de la trésorerie étatique. Ce haut responsable étatique avait soutenu, dans une interview diffusée par une radio privée de la capitale, que son département a déjà fait la part des choses et que la balle se trouve désormais dans le camp du ministère des Finances. Pareillement, concernant les coupures intempestives d’électricité. Le plafonnement de la subvention allouée par l’État à la société « Jiro sy rano malagasy » (Jirama), à 300 milliards d’ariary, inscrit dans l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI), est indiqué par certains comme la principale cause. Ayant été l’un des principaux acteurs des négociations avec l’institution de Breton Woods et parmi ceux en charge du respect des obligations inhérentes à cet accord, le ministre Rakotoari­manana est ici aussi désigné comme l’un des premiers responsables du délestage. « Tout le monde a le droit d’avoir son opinion sur la situation. Je ne prendrais jamais une décision qui nuirait à l’intérêt général, au bien être de la population. Seulement, nous avons une loi de finances et nous ne pouvons pas dépenser plus que ce qui est prévu dans le budget qui y est inscrit ou dépenser plus que ne le permettent les moyens à notre disposition. Je tiens cependant à souligner que l’État respectera les engagements qu’il a déjà pris », a réagi François Gervais Rakotoari­manana, lors d’un entretien téléphonique, vendredi. À lui d’ajouter « Le PND [Plan national de développement] affecte les dépenses prioritaires à l’infra­structure, les dépenses sociales, les salaires et les pensions ». Certaines sources affirment que l’intransigeance du Grand argentier de l’État déplairait à certains de ses pairs au gouvernement et quelques personnalités dans les hautes sphères étatiques. Au milieu de cette tourmente, le ministre Rakotoarimanana jouit cependant d’un bon crédit devant les instances internationales. « Je pense que les contribuables malgaches doivent s’estimer chanceux d’avoir un ministre des Finances qui défend leurs intérêts (…) Aussi, ne pouvons-nous que soutenir tout effort et toute initiative qui vont dans le sens de la transparence et de la préservation des intérêts de la population malgache, comme l’a fait le ministre des Finances (…) », a, par exemple, soutenu Patrick Imam, représentant du FMI, à Madagascar, dans une interview publiée, le 5 octobre dernier. Garry Fabrice Ranaivoson
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