Le capital naturel comme pierre angulaire du développement


54.4°C, c’est la température relevée à Furnace Creek qui est en cours de validation par l’OIM comme un record mondial jamais enregistré depuis les années 30. Sur le même registre, beaucoup de scientifiques anticipent déjà que 2020 sera parmi les années les plus chaudes depuis ces dernières décades, deuxième après le pic de 2016 si on regarde la tendance de ces sept derniers mois. Ce sont des records dont on ne se vante pas. Les feux de forêt qui ravagent la Californie en ce moment même et qui a détruit déjà 1,3 million d’hectare sont attribués à une sécheresse persistante même si certains disent aussi que c’est une question de mauvaise gestion des forêts. Quoiqu’en pensent les uns et les autres, l’homme est à l’origine de ces désastres. Et ce ne sont que des illustrations de la dégradation et de la destruction de notre planète. En effet, le rapport planète vivante qui évalue l’état de santé de la nature dans le monde vient de sortir un nouveau chiffre record….68%. C’est la moyenne de la réduction de l’abondance de 21,000 populations de 4,000 espèces de mammifères, oiseaux, poissons, reptiles, amphibiens observée entre 1970 et 2016 sur les cinq continents. Les espèces les plus affectées sont celles des zones humides c’est-à-dire les amphibiens, les poissons et les reptiles d’eau douce avec une réduction de 84%. Le continent sud américain a vu le plus grand déclin avec une chute de 94% des populations des espèces étudiées si l’Afrique, dont Madagascar a vu un déclin de 65%. Pourquoi tous ces chiffres? Même si cela gêne, disons-le, c’est le constat d’un échec. En 2010, à travers la convention sur la diversité biologique, les 193 pays de cette convention a établi un plan stratégique de 10 ans (2010-2020) visant à sauvegarder la diversité biologique et les avantages qu’elle fournit aux populations du monde. Les chiffres du rapport montrent qu’on n’a pas atteint les impacts recherchés avec les 20 objectifs (appelés objectifs d’Aichi, ville du Japon où on les a adoptés) stipulés par ce plan. Un changement radical est nécessaire pour le cadre de travail sur la biodiversité après 2020, et cela devra partir de l’engagement de chaque pays. Les Accord de Paris (2015) ont donné un exemple: fixer un objectif ambitieux basé sur la science et demander à chaque pays de définir leur contribution (Contribution Prévue déterminée au niveau national - CPDN) avec un système de suivi rigoureux obligatoire et des objectifs financiers clairs pour le mettre en œuvre. C’est l’élément central du « New Deal pour la Nature et les Hommes » où on cherche à avoir un Zéro perte nette de la nature à partir de 2020, un bilan positif net d'ici 2030 et un redressement complet d’ici 2050. Pour Madagascar, on part sur de bonnes bases déjà : Reverdir Madagascar. Si planter 40,000 hectares par an est un objectif noble, nous devrons également investir dans la sécurisation et la pérennisation de nos aires protégées, faire du capital naturel la pierre angulaire du développement de Madagascar, mettre immédiatement fin aux trafics de ressources naturelles par l’application des lois, mettre en œuvre d’urgence la stratégie d’approvisionnement en bois énergie et gérer durablement et équitablement les ressources côtières et marines. Nous croyons qu’il n’y a pas d’émergence sans l’urgence de préserver et de restaurer la nature unique de Madagascar. Il faut se donner les moyens de le faire. C’est notre New Deal!
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