Aviation civile : Les routes aériennes africaines


P lutôt mal connue dans son rôle pourtant fondamental d’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne, l’Asecna créée en 1959 a la charge d’un espace aérien de seize millions km² en Afrique et à Madagascar. C’est une performance qui peut être qualifiée de mondiale, puisque cette immensité est couverte par seulement cinq Régions d’information en vol, à savoir celles de Dakar terrestre et océanique, de Niamey, de N’Djamena, de Brazzaville, et d’Antananarivo. À titre de comparaison, l’Europe possède quarante-quatre Centres, et les États-Unis vingt. En raison de cette balkanisation du ciel européen, un vol Amsterdam-Francfort est de 40% plus long que ce qu’il devrait être. Et quand il était président du Groupe Air France, Bernard Attali a tenu cette remarque acerbe : « Pour parcourir les 950 km qui séparent Paris de Prague, il faut traverser sept espaces aériens distincts, gérés par des informatiques différentes. Comment parler d’Union Européenne quand un ciel a priori commun est géré de façon si peu européenne » ? Les missions de l’Asecna sont définies par la Convention de Dakar de 1974, notamment dans ses Articles 2 (missions dites communautaires), 10 (activités nationales en vertu de contrats particuliers passés avec un État-membre), 11 (coopération technique entre États en matière aéronautique et météorologique), 12 (prestations en faveur d’États sollicitant l’expertise de l’Agence). Parmi les avantages quasi inestimables offerts par l’appartenance à cet ensemble, figurent une approche homogène dans la prise en compte des investissements à caractère communautaire, la facilité du dialogue avec les principales sources de financement internationales, le maintien des installations communautaires au niveau technologique requis par les normes de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), la formation et le recyclage du personnel aéronautiques des États-membres. L’Asecna a de ce fait des liens de travail bien établis avec les milieux mondiaux de l’aviation et de la météorologie pour ne citer que l’International Air Transport Association ( IATA ), l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), la Commission Africaine de l’Aviation Civile (CAFAC), ou le Conseil International des Aéroports. L’Asecna, incontournable En matière de formation des techniciens, l’Asecna dispose de trois Centres : l’École régionale de sécurité incendie (ERSI) à Douala au Cameroun, l’École régionale de la navigation aérienne (ERNAM) à Dakar au Sénégal, et l’École africaine de la météorologie et de l’aviation civile (EAMAC) à Niamey au Niger. À côté de ce volet formation, il existe un autre domaine dans lequel l’Asecna s’avère incontournable pour l’aviation civile africaine : elle dispose, en effet, d’un avion-laboratoire équipé d’un banc de calibration à la pointe de la technologie. Il est utilisé pour le contrôle en vol des installations d’aide à la navigation et à l’atterrissage, dont la fréquence est définie par des normes internationales. Membre fondateur, Madagascar a toujours été appréciée tant pour la technicité de ses ressortissants que sur le plan politique. De par sa situation géographique la prédisposant à la neutralité, la Grande Île a souvent été un modérateur tempérant les velléités de leadership qui peut surgir entre des zones différentes (cas de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale). Mais l’année 2003 fut à marquer d’une pierre… grise. Cette année-là, il faut croire que ces acquis de Madagascar montèrent à la tête de quelques techniciens de la vice-primature malgache en charge des Transports, nourris du nombrilisme primaire bien connu de la haute sphère politique de l’époque. Ils eurent l’idée de tramer un retrait de Madagascar pour monter une sorte d’Asecna bis à l’échelle de la Comesa, dans laquelle les Malgaches auraient tout naturellement, du moins le croyaient-ils, la part plus que belle en raison de leur expérience. La tentative de partition fut éventée, et il a fallu aux dirigeants malgaches une bonne dose d’humilité assortie d’autant de courbettes pour aller dans une Canossa subsaharienne retrouver la confiance perdue de leurs pairs africains…
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