Conjoncture politico-économique - Chissano en mission suivi-évaluation


Selon ses dires, Joaquim Chissano est en mission à Madagascar pour s'enquérir de la situation politico-économique. Une visite qui intervient en pleine période de turpitude politique. Suivi-évaluation. Tel est le mandat de Joaquim Chissano, ancien médiateur de la crise malgache au nom de la Communauté des États d'Afrique austral (SADC), en visite, actuellement, à Madagascar. Une nouvelle mission, qui consiste à suivre l'évolution de la situation dans la Grande île, trois ans, après la tenue des élections de fin de Transition. Selon celui qui porte désor­mais le titre d'envoyé spécial de la SADC, « Je suis ici pour voir et connaître la situation politique et économique actuelle dans le pays. Recueillir les diverses opinions afin de pouvoir informer de la situation l'ensemble des chefs d'État de la SADC ». Erigeant Madagascar comme un modèle de sortie de crise sans heurt, l'organisation régionale semble vouloir évaluer la durabilité de la formule de médiation engagée à Madagascar. En tout cas, pour sa première visite dans la Grande île après la crise, l'ancien médiateur semble être sortie rassuré de sa première rencontre avec Hery Rajaona­rimampianina, président de la République, hier, à Iavoloha. Le décaissement du Fonds élargie de crédit (FEC), par le Fonds monétaire international (FMI), pourrait motiver une certaine jubilation. Mais, la visite de l'envoyé spécial intervient, aussi, à un moment où les hostilités politiques reprennent de plus belle. Des demandes de démission du chef de l'État, voire une intention de le pousser hors d'Iavoloha par la rue se fait entendre depuis quelques semaines. Laissé pour compte À Iavoloha, hier, Joaquim Chis­sano s'est fait défenseur de la stabilité. « Il y a tout intérêt à ce que la continuité de la stabilité soit assurée. Les efforts du peuple malgache d'avoir des dirigeants élus ont ouvert les portes pour la continuité de la collaboration internationale avec Madagascar », a soutenu l'envoyé spécial. À l'entendre, sa visite consiste également à fournir aux partenaires internationaux les informations nécessaires afin de « continuer de mobiliser l'opinion internationale ». Celui qui a été parmi les artisans de la Feuille de route annonce ainsi qu'il compte rencon­trer les anciens chefs d'État. Outre Marc Ravalomanana, qui a déjà dit de vive voix être contre toute manifestation populaire à but séditieux, les partisans de Didier Ratsiraka et Albert Zafy ont déjà tenu le même discours. Andry Rajoelina étant absent du territoire, une rencontre entre l'envoyé spécial et ce dernier est impro­bable. Bien que la hache de guerre soit loin d'être enterrée entre les Oranges et le pouvoir, il y a fort à douter que le représentant de l'homme fort de la Transition plaide contre la stabilité devant l'émissaire de la SADC. « Selon ce que lui permet le temps », Joaquim Chissano songe aussi à rencontrer les chefs religieux du Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM). L'organisation sous-régionale reprendra la formule qui a fait ses preuves durant la médiation de sortie de crise. Le changement de titre de Joaquim Chissano, qui est désormais l'envoyé spécial de la SADC, indique clairement que l'heure n'est plus à la médiation. Si les rencon­tres de cette semaine pourraient servir aux acteurs politiques du pays à s'épancher sur les acquis et, surtout, les causes de la con­jonc­ture actuelle, les propos de l'ancien chef d'État mozambicain laisse entendre qu'il est ici pour rappeler aux protagonistes poli­tiques que l'enjeu est de maintenir la confiance internationale. Seulement, ceux qui font des vagues au sein de l'arène politique, ces derniers temps, et dont les actions risquent fortement d'ébranler la stabilité nationale semblent laisser pour compte, dans la feuille de route, l'émis­saire de la SADC. Des inféodés qui affirment, dans leur entreprise, que l'avis de la communauté internationale est le cadet de leur souci. La mission de l'envoyé spécial Chissano prend fin, vendre­di, jour choisi par les hostiles au pouvoir de descendre dans les rues. Garry Fabrice Ranaivoson
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