Citius, Altius, virus


Les Jeux Olympiques reviennent à Tokyo du 23 juillet au 8 août, 57 ans après l’édition de 1964. Entre temps la devise olympique a changé. Les XXIIème olympiades de l’ère moderne seront marquées par les empreintes du coronavirus. Déjà reportés d’un an et menacés d’annulation, les Jeux de Tokyo se dérouleront finalement à huis clos. Une première dans l’histoire des Jeux et dans l’histoire tout court. Mais c’est le prix à payer pour sauver les Jeux. Un moindre mal dans un contexte mondial compliqué où la Covid-19 a tout chamboulé. Le Comité international olympique a dû prendre des mesures drastiques pour ne pas exposer la population japonaise à risque de contamination de masse avec la présence du public. Ce sont les performances qui vont en pâtir étant donné que le public constitue un stimulus irremplaçable pour les sportifs. On ignore si la cérémonie d’ouverture a été maintenue ou pas. Sans public pour l’apprécier, elle n’a aucun intérêt. Il ne faut donc pas s’attendre à des pluies de record en athlétisme, en natation ou dans les autres disciplines. Mais les J.O restent l’un des plus grands événements sportifs de la planète. Pour Madagascar en particulier, Tokyo rappelle également des souvenirs avec la toute première participation des athlètes malgaches aux Jeux en 1964. Le sprinter Jean Louis Ravelomanantsoa, le plus grand athlète malgache de tous les temps était le porte-drapeau de la délégation. Quatre ans plus tard, il disputait la finale du 100 m, l’épreuve reine des Jeux, aux côtés des redoutables américains Jim Hines et Green ainsi que du soviétique Valery Borzov. Une performance jamais égalée jusqu’à maintenant bien que Nicole Ramalalanirina avait disputé la finale du 100 m dames aux Jeux de Sydney en 2000 sous les couleurs françaises. À Tokyo, Madagascar sera représenté par six athlètes dont deux haltérophiles, deux athlètes, une nageuse et une judokate. C’est l’une des plus petites délégations depuis trente ans quand Madagascar revenait dans les J.O après avoir boycotté les Jeux de Los Angeles en 1984 et ceux de Séoul en 1988 pour des raisons politiques. C’est la preuve indéniable que le niveau régresse. Il n’y a plus d’athlète qualifié au minima pour l’athlétisme alors que la boxe, le tennis, figurent parmi les grands absents. Autrement dit, on est revenu à l’ère Coubertin ou celle de Jean Aimé, avec « Juste participation » comme ambition. Jean Louis Ravelomanantsoa devrait se retourner dans sa tombe devant cette dégringolade. C’est incroyable que sur une population de 25 millions d’habitants, il n’y a pas un seul homme qui peut courir le 100 m en 10 secondes avec tout le progrès en matériel et équipement, avec l’évolution technique et l’avancée en diététique. Ravelo avait couru le 100 m en 10 secondes en 1963 sur la cendrée de Mahamasina à la grande surprise des étrangers qui n’en croyaient pas leurs yeux. Hélas, nous avançons à reculons et avec le coronavirus on ne peut pas faire autrement.
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