Agriculture - Des pommes de terre paumées


Le contexte d’état d’urgence sanitaire chamboule la chaîne de valeur de la filière. Les producteurs subissent de plein fouet les impacts de la situation. En péril. Des milliers de tonnes de pommes de terre s’entassent à Manandona, faute de collecte. « Les récoltes pour cette année ont commencé début juillet pour ne finir que vers la fin du mois prochain. Pour le moment, peu de collecteurs daignent descendre dans notre région à cause de l’état d’urgence sanitaire. On ne sait plus quoi faire des récoltes. Sans parler des pertes considérables que nous enregistrons tant pour le stockage que pour les frais divers » s’attriste Stanislas Rakotonindriana, producteur. Une façon pour cet agriculteur de la région Vakinankaratra d’alerter les autorités compétentes quant à la situation à risque des acteurs de cette filière dans le contexte actuel. « Rares sont les collecteurs qui arrivent jusque chez nous. Peut être à cause de l’interdiction de sortie des régions pour certains dans la mesure où la majorité de ces collecteurs sont d’Analamanga. Ceux qui viennent imposent des prix d’achat dérisoires. Des prix qui sont loin de nous convenir dans la mesure où ils correspondent à peine aux deux tiers de nos investissements dans la production de ces pommes de terres » explique l’agriculteur de Manandona. Selon lui, ces collecteurs proposent un prix d’achat de trois cent cinquante ariary par kilogramme de pommes de terre alors qu’en temps normal ce prix est fixé à environ cinq cents ariary pour que les producteurs puissent rentrer dans leur frais. Ce prix de trois cents ariary correspond au produit de premier choix que les consommateurs finaux d’Analamanga achètent environ à mille quatre cents ariary le kilo. Les producteurs qui proposent aussi des produits de second et troisième choix sont ainsi obligés de vendre ces derniers à des prix infimes de moins de deux cents ariary le kilo. Spéculation « Pour ma part, j’investis un peu plus de trois cent mille ariary en semences, engrais chimique et produits de traitement, sans compter la main d’œuvre. À raison de mille cinq cents ariary le kilo de la semence. Avec le prix d’achat qu’on nous impose en ce moment, la totalité de ma production revient à seulement un peu moins de deux cent mille ariary alors qu’en temps normal cela me rapporte environ cinq cent mille ariary pour la récolte » rajoute Stanislas Rakotonindriana. Plus de vingt tonnes de pommes de terre par jour son récoltées à Manandona présentement. Des produits frais qui ne peuvent attendre longtemps avant d’être commercialisés. Des producteurs d’Antani­- fotsy, Antsirabe I et II, Betafo et Faratsiho sont aussi dans le même contexte. La production nationale de la pomme de terre est principalement concentrée dans la seule Région de Vakinan­- karatra. 90 à 95 % de la production nationale. Le rendement moyen de la région est d’environ six tonnes à l’hectare mais ce rendement varie en fonction de la saison de culture et de la fertilisation. Les débouchés sont généralement Antananarivo dans les grands marchés de la ville, Toamasina, la région du sud du pays, les marchés de ville d’Antsirabe où les consommateurs et collecteurs achètent directement le produit .Avec la situation d’état d’urgence, les collecteurs se font rares, la production reste pourtant stable.
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