Consommation - Les députés légalisent le toaka gasy


Les arguments sur la valeur culturelle et le potentiel économique du « toaka gasy », ont fait mouche. L’Assemblée nationale donne son aval à la proposition de loi légalisant la filière. Le symbole de l’unité culturelle du peuple malgache. C’est ainsi que l’exposé des motifs de la proposition de loi votée, hier, présente le « toaka gasy ». Avec soixante-douze voix favorables, l’Assemblée nationale a adopté le texte légalisant la production et la commercialisation de rhum traditionnel, en y apportant quelques amendements. Proposé par le député Jean Brunelle Razafitsian­draofa, le texte mise sur le cachet culturel « toaka gasy », et la valeur ajoutée qu’il pourrait apporter à l’économie, pour briser le tabou sur cette boisson longtemps honnie par les dispositions légales. « L’encadrement juridique du secteur présente de nombreux avantages pour l’Etat et la population », plaide l’exposé des motifs de la proposition de loi. Le texte défendu par le député d’Ikongo présente le « Toaka gasy », comme « un produit du terroir, (…) une marque d’identité, un signe d’appartenance pour la population malgache, surtout celle vivant en zone rurale ». Dans ses arguments dans les débats sur le sujet, le vice-président de l’Assemblée nationale regrette que la loi interdise ce rhum traditionnel, alors qu’« une grande partie de la population en fabrique et l’utilise à l’occasion de nombreux rites et fêtes traditionnelles ». A la lecture de la proposition de loi, elle vise ainsi, par cette légalisation, à permettre à l’Etat « d’assurer le contrôle et le suivi de toutes les étapes de la filière ». De faire en sorte que la filière devienne une activité génératrice de revenu pour les producteurs. Bien que la production, la vente et la commercialisation du « toaka gasy », soient interdites, les producteurs artisanaux pullulent dans les zones rurales. Les points de vente ont pignon sur rue dans plusieurs villages. Comme l’affirme l’exposé des motifs de la proposition de loi, nombreux sont ceux qui n’hésitent pas à s’approvisionner en « toaka gasy », lorsque l’occasion se présente. Les rhums arrangés à base de « toaka gasy », ont une place de choix dans les réserves de certains ménages. Teneur inférieure à 44% L’exposé des motifs de la proposition de loi table que « le « toaka gasy », peut devenir un levier du rayonnement international de Mada­gascar en proposant l’exportation d’un produit riche en histoire et en culture portant le label « made i Madagascar » ». Outre le fait d’être artisanal, des années de clandestinité ont fait que la filière « toaka gasy », s’est développée sans aucune règle de qualité et sanitaire. La proposition de loi votée, hier, ambitionne de combler le gap qualitatif. Le texte prévoit donc, quarante articles, répartis en huit titres, afin que la filière s’aligne aux normes interna­tionales. « Le toaka gasy doit avoir une teneur en alcool inférieure à 44% », prévoit, notamment, l’article 12 de la proposition de loi. De la composition, à la distillation en passant par le packaging et la vente, toutes les étapes sont quadrillées par les quarante articles de la proposition de loi. Même l’hygiène est exigée. Le non-respect des normes exigées est puni d’une suspension d’activité allant jusqu’à de « douze mois », assortie d’une amende. « La loi sur la production et la commercialisation du « toaka gasy », sera un outil économique permettant de solutionner un problème social récurrent tout en renforçant l’identité culturelle de notre pays », est un des arguments mis en avant par la proposition de loi ayant convaincu les députés. Dix ans après une première tentative de légalisation de filière par le biais d’une proposition de loi initiée par le député Jao Jean, la version défendue par le député Razafitsiandraofa a passé la première étape de la procédure législative. Il ne reste plus à l’élu d’Ikongo que de réitérer cette performance devant le Sénat, avant s’en remettre au contrôle de constitutionnalité de la Haute cour constitutionnelle (HCC).
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