Filière vanille - La donne va-t-elle changer?


Les réformes de la filière vanille devront relancer l’or noir après le chute libre de la dernière campagne. Mais rien n’est moins sûr. La filière vanille, sérieusement mise en difficulté lors de la dernière campagne, pourrait générer plus de valeurs avec la réduction des restrictions à l’entrée sur le marché et une diminution de la réglementation publique. C’est du moins la vision de certains analystes, dont ceux de la Banque mondiale. On soutient en outre que le créneau bio devrait tirer la filière vers le haut. D’après la Banque mondiale, les règles en cours sur le marché sont de nature à consolider la mainmise des opérateurs historiques et à mettre sur la touche les nouveaux arrivants. « Les préparateurs souhaitant acheter ou vendre de la vanille verte sur les marchés contrôlés sont tenus de démontrer leur capacité à traiter au moins cinq tonnes de produits. Les collecteurs ne sont pas autorisés à employer plus de cinq agents», constate l’institution de Bretton Woods. À ces exigences relatives aux tailles minimale et maximale, s’ajoute la participation de certains opérateurs historiques dans le processus d’enregistrement des collecteurs, des préparateurs et des exportateurs qui «pourrait constituer un conflit d’intérêts susceptible d’empêcher l’entrée de nouveaux opérateurs». Pour l’institution, une facilitation de l’entrée de nouveaux acteurs profiterait à la majorité de la population et pourrait permettre à Madagascar de maintenir sa compétitivité sur le plan mondial. «Une meilleure implication des producteurs dans les activités à valeur ajoutée en aval, telles que le séchage (processus qui améliore la saveur et allonge la durée de conservation), pourrait augmenter considérablement leur position durant la vente en leur permettant de stocker le produit séché, moins périssable», souligne-t-elle avant d’ajouter que les réformes majeures au niveau de la filière pourraient notamment inclure l’élimination des barrières réglementaires restrictives comme la limitation du nombre d’agents pouvant travailler avec un fournisseur. En outre, le gouvernement pourrait être invité à miser davantage sur l’agriculture contractuelle ou des partenariats efficaces entre les acteurs de la chaîne de valeur et valoriser un meilleur étiquetage ainsi qu’une plus grande traçabilité dans la chaîne. À savoir que la filière vanille fournit près du quart des recettes d’exportation du pays et compte pour 6,8 % de son PIB. Pousser la vanille bio L’autre élément qui devrait contribuer à reconfigurer significativement la filière est la montée en puissance du marché bio. Pour faire avancer leur secteur, les entreprises de la filière biologique regroupées au sein de l’association Symabio (Syndicat Malgache de l’Agriculture Biologique), en collaboration avec les organisations paysannes, la société civile et les organismes de certification, travaillent sur l'élaboration d'une stratégie nationale et d'une nouvelle législation pour davantage de professionnalisme. Les entreprises bio ont obtenu le soutien de la GIZ PrAda pour concrétiser ce projet de réforme. Le groupement compte aujourd’hui une trentaine d’adhérents disposant de certificats de conformité de leurs produits biologiques. Le réseau compte 5000 partenaires producteurs en milieu rural localisés dans différentes régions de Madagascar. Et force est de constater que la vanille figure parmi les principaux produits que ces entreprises espèrent exploiter à fond. Selon les réglementations internationales existantes, l’agriculture biologique est un mode de production qui proscrit l’utilisation d’intrants chimiques notamment les engrais et les pesticides, et qui préserve l’environnement par une gestion raisonnée des sols et des ressources pour une exploitation durable. La traçabilité des produits depuis la production jusqu’à la commercialisation est assurée et fait l’objet d’une inspection tous les ans par un organisme accrédité qui délivre un certificat de conformité en agriculture biologique. Mais rappelons qu’il y a quelques années, la vanille bio a connu des problèmes car des exportateurs n’ont pu obtenir une certification par leur organisme certificateur de l’ensemble de leurs lots. En effet, lors des analyses pesticides réalisées par Ecocert, il a été mis en évidence qu’un taux trop élevé de perméthrine, produit toxique, était présent dans les vanilles. Ce taux était supérieur à la norme européenne de 0,02mg, e t de 0 pour les normes américaines. La filière vanille a alors été incitée fortement à trouver la cause de la présence du produit toxique dans les vanilles. Après enquête, il s’est révélé que les paysans avaient reçu, dans le cadre de la lutte contre le paludisme, des moustiquaires imprégnées de perméthrine. Cette dernière étant une substance qui part très difficilement à l’eau et au savon, les mains des paysans, au contact des moustiquaires, ont de ce fait contaminé les vanilles. Bref, la prudence doit être de mise pour éviter de boucher l’horizon de la vanille bio de la Grande Ile.
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