L'Imprimerie officielle pour soutenir l'instruction


Les populations de l'Emyrne ne commencent à connaître l'écriture que vers la fin du règne de Radama Ier, lorsque les missions religieuses sont autorisées à s'établir dans le pays et à y fonder des écoles. L'enseignement ne se développe que lentement, d'autant plus qu'après la mort de ce roi (1828), le gouvernement de son successeur ne cesse de combattre les missions et d'enrayer leur expansion. Aussi le nombre des élèves est-il longtemps fort restreint et quelques ouvrages venus d'Europe suffisent-ils à les instruire. Mais lorsque le traité du 27 juin 1865 vient donner la prépondérance aux missions britanniques et les délivre des entraves opposées à leur essor, elles doivent bientôt multiplier les ouvrages et recourir à des publications spéciales, appropriées aux autochtones et susceptibles de faire de nouveaux adeptes aux missions étrangères. La création d'une imprimerie s'impose: elle est fondée en 1868 par le Rev. Parett de la London Missionary Society. L'effet des quelques publications de cette institution n'échappe pas au regard clairvoyant du Premier ministre Rainilaiarivony qui juge utile d'exploiter, à son profit, ce moyen d'influence sur l'esprit des Malgaches. Aussi veut-il que l'imprimerie travaille pour son compte et au 1er janvier 1875, le Rev. Parett reçoit le titre d'imprimeur officiel. Il est chargé de l'impression d'un journal gouvernemental, à la fois Journal officiel et feuille populaire, titré « Ny Gazety Malagasy ». Mais bientôt ce concours ne suffit plus au Premier ministre et il décide d'avoir une imprimerie spéciale. Les caractères en sont commandés en Angleterre et dès 1878, le nouvel établissement désigné sous le nom d'Imprimerie de la Reine, est installé à Nanjakana avec le matériel nécessaire pour imprimer les textes officiels. Aussitôt après l'occupation française en janvier 1896, l'Imprimerie de la Reine prend le nom d'Imprimerie nationale et se voit rattacher à la Résidence générale qui la dote d'un directeur français. Un an plus tard, le 1er janvier 1897, l'Imprimerie nationale est rebaptisée Imprimerie officielle et reçoit une nouvelle organisation. Les locaux de l'établissement situés en plein centre d'Antananarivo et couvrant une surface globale d'environ 5 000m², sont spacieux, bien aérés, bien éclairés et conditionnés rationnellement. Ils comportent les adductions d'eau, les branchements d'électricité et d'air comprimé nécessaires au bon fonctionnement d'un matériel parfois complexe. L'Imprimerie officielle qui a le privilège des impressions administratives, est chargée d'approvisionner l'ensemble des services de l'île en imprimés divers. Environ quatre cents tonnes de papier sont utilisées chaque année pour cinquante millions d'imprimés divers, fin des années 1950- début des années 1960. De plus en plus, les travaux réclament l'ensemble des moyens matériels de composition, d'illustration, d'impression et de brochage. C'est ainsi que les services de composition mécanique de l'Imprimerie officielle comportent au début des années 1960, six linotypes qui fonctionnent seize heures par jour, deux monotypes qui permettent particulièrement la composition rapide des tableaux. Les plombs divers de composition, environ cent vingt tonnes, sont fondus dans les ateliers de l'Imprimerie à l'aide de deux fondeuses qui utilisent les saumons (alliage de caractères d'imprimerie) employés par les machines à composer, et par une fondeuse spéciale produisant les gros caractères, filets, blancs nécessaires à la composition manuelle. À côté de l'atelier de typographie bien aménagé (meubles individuels, marbres, coupoirs, presse à épreuves, scie linotype, etc.) se trouve un atelier de clicherie qui multiplie les matrices suivant l'importance des tirages. Des presses hydrauliques du plus récent modèle qui fournissent des empreintes parfaites et des machines à fondre les clichés dans les meilleures conditions, permettent d'obtenir des clichés plastiques et stéréotypés. Ceux-ci améliorent les prix de revient des nombreux travaux courants à fort tirage. Un atelier de photogravure est adjoint au précédent, doté des derniers perfectionnements quant à la fabrication des clichés photogravés. Car ces reproductions de dessins, gravures, photocopies en couleurs, tableaux en quadrichromie réclament un excellent matériel. Texte : Pela Ravalitera - Photo: Archives personnelles
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