Insécurité, exploitations illicites, recherches - Le syndicat des enseignants-chercheurs secoue l'État


Le SECES donne, lui aussi, de la voix pour dénoncer l'évolution délétère de la conjoncture sociale. Les chercheurs pointent du doigt les lacunes étatiques. En danger. Une expression utilisée par le Syndicat des enseignants-chercheurs et des chercheurs-enseignants de l'ensei­gnement supérieur (SECES), dans une déclaration, en date du 13 janvier. Un acte partagé à la presse, dans lequel l'entité réprimande la défaillance des responsables dans le domaine de la sécurité, la lutte contre les exploitations minières illicites et l'appui à l'enseignement supérieur. « Les dirigeants ont le devoir de rechercher tous les moyens pour alléger les difficultés de la population et nullement de rejeter les responsabilités à d'autres, encore moins, de favoriser une minorité qui s'enrichit en spoliant la nation », soutient le SECES. À l'instar d'autres entités, telles que les instances religieuses ou encore la société civile, voilà que les enseignants-chercheurs, eux aussi, décident de donner de la voix pour souligner une conjoncture nationale jugée « en danger ». Tranchant avec le ton optimiste des discours de présentation de vœux, prononcés par les chefs d'institution, le 6 janvier, à Iavo­loha, le syndicat introduit sa déclaration en soutenant que « face à tout ce qui se passe dans le pays, le SECES ne peut pas se taire ». Dans ce sens, constatant l'inexorable prolifération des vindictes populaires, les chercheurs déplorent également le fait que les forces de l'ordre commencent « à s'entretuer », faisant vraisemblablement référence aux récents faits d'Anjozorobe, où des gendarmes issus d'un même camp se sont tirés dessus. Cet épisode a entraîné la mort d'un béret noir. « De tels faits ternissent l'image et l'honneur » des forces de l'ordre. D’après le SECES, ces événements ne sont pas pour rassurer les populations, « particulièrement les plus vulnérables », dans un contexte où la situation de la sécurité et l'application de l'État de droit sont « en danger ». Failles Sur ce point, le général Didier Gérard Paza, secrétaire d'État à la Gendarmerie nationale, a annoncé des mesures pour renforcer le respect de la chaîne de commandement, le suivi des missions, et éviter « les abus » des éléments. Le syndicat pointe également du doigt « l'absence de prise de responsabilité de l'État face à certains étrangers qui spolient de force les richesses du pays, dans certaines localités. (…) Y aurait-il complicité en haut lieu, ou certains auraient-ils des intérêts dans ces pillages   ». À ce sujet, Ying Vah, ministre auprès de la Prési­dence chargé des Mines, argumente comme défense des failles dans le code minier qui rendrait les exploitants presque intouchables. « Le code minier ne prévoit que deux faits permettant le retrait des permis miniers, le non-paiement des frais d'administration minière et le non paiement des redevances et ristournes. Ce qui est trop peu », affirme le membre du gouvernement. Lors d'un petit-déjeuner de presse, vendredi, questionné sur l'accaparement de terrains par de gros opérateurs dans plusieurs localités, Narson Rafidimanana, ministre auprès de la Prési­dence chargé de l'Amé­nagement du territoire, met lui aussi en avant des failles légales qui font, selon ses explications, qu'en dessous de certaines superficies, les demandes de droits domaniaux ne passent pas par les services rattachés à son département. Le syndicat dénonce, du reste, l'absence d'infrastructures aux normes qui permettent d'accueillir un nom­bre croissant d'étudiants dans les établissements publics et favorisent le développement des recherches, ainsi que les subventions au compte-gouttes. Garry Fabrice Ranaivoson
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