Villes nouvelles ?


La République malgache est construite sur un double fondement, ethnique conformément au pouvoir monarchique, et occidental conformément à l’administration française fortement centralisée à l’époque de la colonisation. Des divisions claniques et ethniques cachées restent encore vivaces. Elles réappa­raissent à chaque période sensible. Par ailleurs, le fonctionnement d’un État très centralisé tourne autour d’un parti dominant entouré d’une multitude de partis sans structure, sans couverture territoriale, sans formation des adhérents. Dans un pays sous-développé, ceci produit non seulement un sur pouvoir au sommet mais un fiasco de l’État à la base et contribue égale­ment à l’exode de la population rurale vers des villes débordées, insalubres et anarchiques. La bombe de l’explosion démographique ne fait qu’amplifier les effets nocifs de ce phénomène. Créer des villes nouvelles sans modifier en profondeur les structures anciennes, c’est greffer plus tard autour de ces nouvelles villes la pauvreté et les mauvaises habitudes anciennes dont il fallait extirper les racines. Aujourd’hui, nous voyons dans quel état sont devenues les villes nouvelles de Mandroseza, d’Analamahitsy, d’Ambohipo, de 67 hectares et d’Ampefiloha durant la Ière et la IIème Républiques. Pour que les villes nouvelles gardent leur aspect séduisant, il nous faut soigner leur environnement en attirant la population des villes surpeuplées vers ces vastes espaces ruraux non habités. Nous nous privons des richesses de nos campagnes et de nos côtes maritimes, faute d’amélioration de leurs infrastructures scolaires, sanitaires, routières, portuaires, sécuritaires et énergétiques (eau et électricité). Le développement des villes nouvelles ne peut se faire que parallèlement au développement de nos campagnes rurales nouvelles et de nos côtes maritimes nouvelles. Extrait du livre d’André Rasolo « Regards sur la vie politique de Madagascar de 1960-2020 »
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