Aux futures générations sacrifiées


Deux millions d’enfants présente­raient un retard de croissance. Plus de deux cent soixante-dix mille souffrent d’émaciation ou sont trop maigres pour leur taille. Des centaines de milliers de femmes et d’enfants souffrent de carence en vitamines et minéraux essentiels. Le rapport que l’UNICEF vient de présenter n’est pas du tout en leur faveur. Après tant de milliards d’Ariary et de temps spoliés, on en est encore là. « La situation des enfants dans le monde 2019-Enfants, nourriture et nutrition » dépeint un tableau chaotique de la situation dans le monde et à Madagascar. Près de deux enfants âgés de 6 mois à 2 ans sur trois ne consomment pas d’aliments capables de soutenir la croissance rapide de leur corps et de leur cerveau. En des termes plus terre à terre, nous construisons aujourd’hui des enfants en situation de handicap mental et moteur. Certes, il est très important de faire la promotion de pratiques familiales essentielles comme l’allaitement maternel. Mais une femme qui a le ventre vide, le corps déchiqueté par la famine n’aura strictement rien à donner par son lait (si lait il y a). Notons que l'arriération mentale est l'insuffisance du développement des facultés intellectuelles qui se manifestent dès la période infantile précoce. Une mère mal nourrie et mal traitée donnera naissance, si la grossesse arrive à terme, à un bébé qui est mal parti. L’alimentation de la mère pendant le dévelop­pement du fœtus ainsi que des enfants en bas âge, a des conséquences génétiques jusque-là peu connues. On parle aussi très peu des conséquences humaines et économiques que cela aura très bientôt pour notre pays. En effet, à ce rythme, de plus en plus de personnes des générations à venir auront de sérieux problèmes de santé, d’autonomie. La lutte contre la malnutrition à Madaga­scar doit être adaptée. Il est aussi temps que les politiciens prennent des décisions. Cessons de soutenir cette situation inhumaine. Il n’existe actuellement aucune prise ne charge pour les familles affectées par les handicaps engendrés par la situation qui prévaut. Les familles se battent seules et se ruinent financièrement et psychologiquement. Finalement, on est tenté de se poser une question : mais à qui profite ce crime ? Dans les générations futures de citoyens, il y aura plusieurs milliers de personnes qui seront en situation de handicap physique et mental, qui auront besoin d’assistance spécifique. Pourtant, l’État n’engage aucune mesure palpable. De l’autre côté, on massacre l’éducation. Le système éducatif en place est impropre au développement de nos jeunes et de nos enfants. La méritocratie a été sacrifiée depuis que la corruption et le copinage peuvent vous donner un diplôme de Doctorat sans que vous ayez les capacités d’écrire correctement une page. Sans éducation, l’enfant est orphelin. Toute éducation commence avec la vie. Si nos générations futures sont, dès le ventre de leurs mères, des malnutris, les conséquences seront irréversibles pour eux et pour notre pays.
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