Dr Fontoynont, le Père des médecins malgaches


Le 15 mars 1948, le Dr Maurice Fontoynont, officier de la Légion d’honneur et fondateur de la Société des sciences médicales malgaches, décède à Antananarivo. Le Pr Ebrard du cabinet du haut commissaire Pierre de Chevigné, qui représente ce dernier à ses obsèques, retrace dans son allocution la « longue et belle carrière du Dr Fontoynont à Madagascar ». Celui-ci débarque dans la Grande île, à la fin du XIXe siècle sur l’invitation du général Gallieni, pour enseigner l’anatomie et la chirurgie. De 1909 à 1934, il dirige l’École de médecine de Befelatanana ainsi que l’Hôpital principal de l’assistance médicale indigène d’Antananarivo. La Grande guerre le trouve à son poste de combat et, parmi ses chasseurs alpins, il soutient les dures batailles de l’Yser. Le conflit terminé, il regagne Madagascar pour se consacrer à nouveau à son sacerdoce et reprendre son enseignement médical. « Celui-ci est tellement fécond qu’il forme plusieurs promotions de médecins malgaches et ceux-ci manifestent à leur maître la vénération qu’ils ont pour lui en l’appelant leur Père. » Du reste, « rare témoignage de l’administration universelle », il voit de son vivant un buste érigé en son honneur, « concrétisation de la reconnaissance des populations française et malgache ». Son «inépuisable bonté» a de nouveau l’occasion d’agir au cours des années sombres de la seconde guerre mondiale. Les colis qu’il fait envoyer en qualité de délégué général de la Croix-Rouge apportent un peu de bien-être aux prisonniers et aux Français nécessiteux, « dont le malheur s’est accru du fait de l’occupation ». De même, il organise les messages familiaux entre pays belligérants qui portent la joie et l’espoir aux parents séparés par le conflit. Il faudra attendre la victoire finale pour enfin les réunir. Nommé consul royal de Grèce en 1938, il fait toujours preuve, dans ces « délicates fonctions », d’une courtoisie et d’une affabilité qui lui vaut, à sa mort, les « sincères regrets de la Nation amie ». « Cette activité qu’il déploya toute sa vie durant pour dispenser le bien autour de lui, ne l’empêcha pas de sacrifier aussi au beau. Et ce Vincent de Paul des temps modernes consacra encore beaucoup de son temps aux choses de l’esprit. » Au début du XXe siècle, le Dr Maurice Fontoynont fonde, en effet, avec le général Gallieni l’Académie malgache. Et pendant plus de quarante ans, il préside avec bonheur et autorité cette institution qui groupe autour de lui, « dans la commune pensée de la recherche d’un idéal culturel », l’élite de la société franco-malgache. Membre honoraire ou correspondant de plusieurs sociétés savantes malgaches, françaises et étrangères, il présente partout des travaux unanimement appréciés et « étonnant par leur universalité et leur érudition ». « En témoignage de sa reconnaissance, le gouvernement de la République avait fait Maurice Fontoynont officier de la Légion d’honneur, et les nombreux ordres français, coloniaux et étrangers qui lui avaient été décernés, attestaient son courage, son mérite et ses lettres à l’unanime reconnaissance. » En résumé, tout au long de sa vie, le Dr Maurice Fontoynont fait preuve d’un dévouement total. « Un tel homme a scellé d’un dur ciment de bonté et de fraternelle collaboration l’amitié franco-malgache. Nous nous efforcerons de suivre son exemple pour faire de cette Union française une union des esprits et des cœurs pour le bonheur commun des peuples réunis autour de la France éternelle », conclut le Pr Ebrard.
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