Que la lumière soit


Magnifique et intéressante interview de Ketakandriana Rafitoson dans le magazine « No comment » de ce mois. La jeune femme, juriste de formation et ayant presque une quinzaine d’années d’expérience dans le domaine de l’énergie et plus précisément dans le domaine de l’électricité est la mieux placée dans ce pays pour en parler. Certains mettront encore sur la table son jeune âge mais d’aucun ne peut prétendre maîtriser le sujet mieux qu’elle. Le titre en dit long : « il faut décentraliser le marché de l’électricité ». Les questions de la journaliste étaient aussi percutantes que les réponses de l’interviewée. Le secteur énergie, surtout le sous-secteur électricité, a un sérieux retard à regagner, mais la situation est en train d’évoluer notamment avec la promulgation imminente du Code de l’Électricité sur lequel reposerait une grande partie de la transition énergétique. Elle renchérit que la révision du cadre juridique ne produira pourtant aucun effet si elle n’est pas suivie d’application. Eh oui, comme dans tant d’autres lois et règles promulguées, rares sont suivis d’effets. Vu que les procédures sont à la merci de celui qui l’use et l’interprète, le secteur de l’énergie est mis à mal. Le mot est fort mais juste « ce qui implique la lutte contre le parachutage de projets depuis le sommet de l’État si on veut sauver ce secteur du marasme dans lequel il est actuellement plongé » clame Ketakandriana haut et fort. Concernant la Jirama, avec tant d’années de marasme, de subvention, il est toujours dans un gouffre financier qui ne cesse de s’agrandir. Mis à part les problèmes techniques, elle met le doigt sur « des problèmes de gouvernance qui ont contribué à l’aggravation d’une situation financière, déjà peu reluisante par le passé ». Puis, disons-le, la corruption est dedans : « un lobby hydro devrait se mettre en place pour contrer le tout-puissant lobby du diesel » renchérit l’expert juridique. Avec la flambée des prix à la pompe, il sera difficile de penser que la Jirama ira mieux face à sa dépendance accrue envers les hydrocarbures. Et sans être expert financier, on fait vite le compte et les impacts que cela aura sur les finances publiques. La jirama fait faillite et ne satisfait même pas ses clients alors on se demande pourquoi d’autres opérateurs ne viennent pas prendre le relais. La question de la journaliste est percutante et résume bien les suggestions des usagers. La réponse est claire : le risque. Quel investisseur assez fou prendrait le risque d’investir dans ce secteur ? « Le pays manque en effet de garanties bancaires, de facilitations et d’incitations fiscales. Le secteur est miné par la corruption et dominé par les grands groupes dont la plupart vendent leur énergie à la Jirama et échappent ». En concluant son interview, Ketakandriana Rafitoson ouvre sur des perspectives qui sont normalement faisables : « il faut une volonté politique forte de l’État. » Les informations et analyses délivrées dans cet entretien sont d’une qualité très intéressante. Il faut le dire que sur des thématiques pointues comme le secteur de l’énergie, Madagascar a des compétences qui ne sont pas toujours vues d’un bon œil, pas écoutées d’une bonne oreille alors que les solutions pérennes ne peuvent venir que de l’intérieur. Par Mbolatiana Raveloarimisa
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