Mandoto - Des certificats fonciers pour booster la production agricole


Plus de cent soixante-dix mille certificats fonciers ont été remis à Mandoto, hier. Une opération de sécurisation foncière pour booster la production agricole. " AleFa Karatany”. Des mots dits par Marie Chantal Uwanyiligira,responsable des opérations de la Banque mondiale, à Mandoto, hier. Dithyrambique, elle s’est fendue de ces quelques mots en malgache pour affirmer son engouement sur l’impact positif qu’aura l’opération menée, hier, sur le développement rural et, plus largement, celui du pays. Une cérémonie présidée par Andry Rajoelina, président de la République, en présence de Christian Ntsay, Premier ministre, de quelques membres du gouvernement et de la boss locale de la Banque mondiale s’est tenue à Mandoto, hier. L’objet de l’événement est de distribuer des “certificats fonciers”, à des milliers d’agriculteurs issus de plusieurs communes de la région Vakinankaratra. Près de cent-soixante-dix-mille certificats fonciers ont ainsi été remis à autant de nouveaux propriétaires fonciers. À s’en tenir au discours de Marie-Chantal Uwanyiligira, le certificat foncier protège les terres de son titulaire, autant qu’un titre foncier. La procédure et les conditions pour en bénéficier sont sensiblement plus légères, toutefois. Pour le chef de l’État, cette facilité pour la sécurisation foncière destinée aux agriculteurs, essentiellement, est une occasion pour booster la production agricole. “(...) à cause de la conjoncture internationale, nous sommes contraints de mener une guerre contre l’insécurité alimentaire, pour conquérir notre indépendance alimentaire”, déclare le président de la République. Question de dignité Le chef de l’État ajoute, “notre stratégie est simple, l’accès à la propriété foncière. Je suis convaincu que c’est la voie idoine pour vaincre la pauvreté dans toute l’Île. Notre armée sont les agriculteurs et leur munition des engrais, les semences et les matériels agricoles”. La représentante de la Banque mondiale soutient que “c’est non seulement une question économique, c’est aussi une question de dignité humaine”. Une question de sécurité et de dignité pour bénéficier d’un certificat foncier, un agriculteur devra démontrer à une commission locale, rattachée à un bureau foncier au niveau de chaque commune qu’il a mis en valeur un terrain depuis cinq ans, au moins. L’opération menée hier à Mandoto est menée en partenariat avec le projet Croissance agricole et de sécurisation foncière (CASEF), financé par la Banque mondiale. Raison pour laquelle Marie-Chantal Uwanyiligira affiche autant d’enthousiasme sur sa concrétisation. La boss locale de l’institution de Bretton Woods explique la portée concrète sur l’amélioration des conditions de vie des bénéficiaires du certificat foncier en prenant l’exemple d’un certain Rasolofo, un agriculteur d’Antanifotsy, qu’elle a rencontré. Elle indique que selon une étude, un agriculteur ayant mis en valeur un terrain avait besoin de 2 à 4 millions d’ariary sur une période de 6 à 10 ans, avant d’obtenir un titre foncier. Pour obtenir un certificat foncier, Rasolo n’aurait dépensé que 5 000 ariary et quelques mois. “Avec la mise en garantie du certificat foncier, il a pu avoir un crédit plus important que lorsqu’il mettait en gage ses zébus, sa charrette ou sa moto, considérés comme périssables. Il a ainsi disposé d’une trésorerie plus importante. Ce qui lui a permis d’investir dans de nouvelles cultures de maïs et de soja. De grandes sociétés agroalimentaires d’Antsirabe sont venues collecter sur place ses produits et après quelques mois d’épargne, il a pu ouvrir une épicerie”, narre Marie-Chantal Uwanyiligira. Soulignant l'importance de la valeur culturelle de la terre pour les Malgaches, la responsable de la Banque mondiale soutient, “il est essentiel que les gens se sentent protégés par la loi en cas d’éventuels conflits. Cette assurance est nécessaire pour un meilleur investissement sur leurs terres, mais aussi pour léguer un patrimoine à leurs enfants. Être sûr de son droit sur son terrain, ce n’est pas seulement un enjeu économique de propriété, c’est aussi et surtout une question de sécurité, de sécurité alimentaire, de sécurité psychologique, de dignité humaine”.
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